Gummerus : La plus vieille maison d’édition Finlandaise

 

Anna Baijars, la directrice littéraire de Gummerus, nous reçoit amicalement au 6ème étage. Elle nous explique combien elle a été touchée de voir que des Français s’intéressaient à cette maison d’édition, la plus vieille du pays (1872). Sa particularité ? Être restée indépendante depuis le début. Les fondements de Gummerus reposent sur la volonté idéaliste d’éduquer. Cette volonté reste inchangée. La structure emploie 23 personnes, publient environ 120 nouveautés par an. Cela fait d’elle la troisième plus grande maison d’édition généraliste du pays. Elle publie majoritairement des romans, best-sellers mais aussi romans « Young adults ».

 

Gummerus ne fait plus de livres scolaires. Elle accorde une grande importance à son identité visuelle, notamment à ses premières de couverture. Si un livre devient best-seller, six mois après, il sort en livre de poche. Le logo de la maison, un “G” rappelant la lampe d’Aladdin, reflète bien sa vocation à éduquer, en « éclairant » le lecteur. Elle fait également écho aux porteurs de flambeaux, ces poètes finlandais qui, entre 1924 et 1929, ont voyagé dans les grandes capitales européennes pour s’imprégner des dernières tendances littéraires et artistiques.

Le pari de la publication en finnois

Ne publiant pas que des ouvrages en finnois, Gummerus doit se poser les bonnes questions pour dénicher les ouvrages dont elle souhaite acquérir les droits. Anna Baijars explique d’ailleurs que cela est difficile. Pour faciliter ces choix, les salons du livre représentent de bonnes opportunités. La maison d’édition utilise également des « scout persons » qui vont repérer les dernières tendances littéraires pour en faire des rapports de lecture. Ces acteurs représentent un premier filtre et les livres retenus vont ensuite devoir se confronter au goût et à la ligne éditoriale de la maison d’édition qui évalue ainsi son potentiel de vente. Anna Baijars souligne le côté humain de sa maison et explique combien l’intuition, le coup de cœur, mais aussi l’expérience sont importants dans le choix de publication d’un ouvrage.

Des auteurs prestigieux

La directrice littéraire nous présente ensuite les auteurs français qu’elle publie : Fred Vargas, Anna Gavalda (dont les Finlandais raffolent) et Christian Jacq. Anna Baijars nous parle ensuite d’auteurs finlandais, méconnus en France. Sont cités les plus grands (édités en France, d’ailleurs) : Mika Waltari, célèbre pour ses romans historiques, Arto Paasilinna, connu pour sons sens de l’humour (sa virulence plaît beaucoup en France) ou encore, plus contemporaine, Sofi Oksanen dont les romans historiques ont su toucher le monde entier.

Un marché du livre en recomposition

 

Nous avons ensuite discuté du marché du livre local. En Finlande, 23 millions de livres sont vendus par an. Les adultes lisent en moyenne 5,2 livres par an. Les différentes catégories de livres sont les livres éducatifs, les livres de non-fiction, les livres de fiction, les livres jeunesse et les bandes dessinées. En Finlande, il n’existe pas de politique du prix unique. Cette dernière a été abandonnée en 1971. La TVA sur le livre s’élève à 24%.

De manière générale, le secteur de livre est en difficulté. Le commerce du livre semble régi par les grandes chaînes : il existe moins de 100 librairies en Finlande et ces dernières sont souvent rattachées à d’autres activités comme la papeterie. Fonder une librairie indépendante aujourd’hui semble périlleux. Et pourtant c’est le pari fou que s’était lancé Ian Bourgeot, fondateur d’Arkadia Bookshop. Cependant, pour promouvoir le livre et sa culture, la ville d’Helsinki organise certains événements comme le Helsinki Comics Festival (l’équivalent de notre festival de BD à Angoulême).
La Finlande a également mis en place un système intelligent de référencement unique : un livre publié est obligatoirement disponible (un exemplaire) en librairie ou en grande surface. Dès qu’il est vendu, il est automatiquement remplacé ce qui assure la disponibilité permanente du livre dans le pays. Cela donne également une chance aux jeunes auteurs.

La Finlande serait le seul pays d’Europe à utiliser ce système.