La Résidence d’artiste est un phénomène international en expansion constante depuis déjà une trentaine d’années. Il s’agit de l’installation temporaire d’un artiste invité à déplacer son lieu de création et à continuer sa démarche en affrontant les contraintes d’un site qui n’est pas nécessairement spécifique au « monde de l’Art ». Mais quelles sont les nouvelles perspectives de travail et les avantages que présentent ces Résidences, surtout pour les écrivains ?


Conseillère pédagogique Hanta Leroux, Conseillère Pédagogique en charge du suivi d’une action culturelle expérimentale sur le territoire de la Communauté de Communes du Neubourg (Eure), nous en dit un peu plus sur les particularités de ce type de projet original.

Quels sont les enjeux d’une Résidence d’Ecrivain ?

L’écrivain en Résidence a le beau geste d’accepter de se « fragiliser » en acceptant de mettre en œuvre la continuité de sa démarche tout en se séparant de ses conditions habituelles de travail. Le concept est simple : il lui est principalement demandé de poursuivre sa création, et le site d’accueil de la Résidence organise des circonstances de rencontres, de découvertes, et des moments d’échange avec le public. Il s’agit avant tout de ne pas instrumentaliser l’art, ni d’y participer comme s’il était question d’une animation socio-culturelle ou d’un alibi éducatif, mais d’en être le témoin, alors qu’il se fabrique et qu’il est en question à côté de soi.

Comment travaille un écrivain en Résidence ?

L’auteur est d’abord choisi parmi un panel de candidatures susceptibles de satisfaire au projet. D’ailleurs nous supposons d’emblée que c’est une personne connaissant déjà le fonctionnement d’une Résidence. Après la première prise de contact, nous organisons des réunions avec l’auteur pour mettre en place un planning avec les écoles ou les structures locales du territoire. Ces structures peuvent être une librairie, une médiathèque, une résidence de personnes âgées, ou encore un centre aéré pour enfants ou adolescents. Il est important de toucher le plus large public dans le but de le sensibiliser à la culture. L’auteur va être accueilli sur le territoire pendant un certain temps sans retourner à son domicile. Cette période peut durer de 3 semaines (au minimum) à un mois, il va donc devoir s’imprégner des caractéristiques et des mœurs du territoire. Ce séjour peut parfois même donner lieu à l’ébauche de l’écriture d’un livre.

Qui subventionne ce genre d’activité ?

Il y a bien sûr l’Education Nationale et la DRAC (Direction Régionale des Affaires Culturelles), ce sont eux qui proposent le projet aux Communautés de Communes selon une convention de partenariat. Ils vont tous trois partager les frais de journées d’intervention, de transport, d’hébergement et de repas, sans oublier l’achat de livres pour les classes et l’organisation matérielle du jour du « rendu public », la Communauté de Communes prenant en charge le surplus des dépenses.

Comment s’organisent les phases de travail avec les écoles ?

L’auteur, qui intervient dans des classes d’enfants âgés de 7 à 12 ans, met en place des ateliers d’écriture selon un thème donné qui sera le fil conducteur du projet. Les travaux des élèves sont en général compilés en l’édition d’un album composé d’une histoire conçue collectivement, ou encore d’un ensemble de nouvelles. L’écrivain va intervenir dans les écoles au moins deux fois par semaine, ce qui l’amène à mettre en place quatre à six ateliers d’écriture.

Ce travail est-il porté à la connaissance du public ?

Effectivement, en fin de période de Résidence, il y a ce qu’on appelle un « rendu public » qui consiste en une exposition des travaux des élèves, des mises en scène faites par les classes et une remise officielle des différents albums aux classes participantes. L’événement est bien sûr médiatisé par la presse locale.

Quel intérêt peut trouver un auteur à s’établir en Résidence ?

Pour lui, c’est une activité intense mais bien payée. La rémunération est fixée sur la base de la Charte des Auteurs et des Illustrateurs Jeunesse. Le tarif établi est de 356 € net pour une seule journée d’intervention. Outre l’aspect pécuniaire, l’auteur retire de cette expérience une nouvelle sensibilisation au travail d’écriture avec les enfants et, en plus, il a la satisfaction de pouvoir participer à la diffusion d’une culture littéraire auprès d’un public nouveau.

En savoir plus :

La Maison des écrivains et de la littérature