Le « blook » est un néologisme résultant de la contraction des mots « blog » et « book », et désigne un livre dont le contenu est issu d’un blog. Un concept qui voit le jour au début des années 2000, et qui aura marqué durablement le monde de l’édition. Enquête sur cet échappé de la blogosphère, venu s’imposer jusque dans nos librairies.

L’histoire commence en 2002 aux États-Unis lorsque le  célèbre blogueur Tony Pierce auto-édite Blook, à partir d’une sélection d’entrées de son blog. La carrière d’auteur de Tony Pierce prend alors son envol et il publiera par la suite Blook II, How to Blog ?, et Stiff, tous extraits ou inspirés de son activité sur Internet. Dans le même temps, l’éditeur en ligne Lulu.com met en place, dès 2006, le « Lulu Blooker Prize », qui récompense le meilleur blook de l’année.

Cependant, au début des années 2000, le blook concerne presque uniquement l’auto-édition, et il est nécessaire pour les éditeurs traditionnels de s’emparer du phénomène. Ainsi, une déferlante de blogs, populaires sur la toile, vont se voir publier en version papier. Mais un bon blog fait-il un bon blook ? Chaque lecteur de blog se transforme-t-il en acheteur de livre ?

Les éditeurs français à l’assaut du net.

En France aussi, les éditeurs ont voulu s’essayer à la publication de ces livres « clé en main », public compris. C’est le cas en particulier des blogs de professionnels : flics, infirmiers, caissières, et assistantes sociales témoignent dans leurs blogs, et dévoilent les faces cachées de leurs métiers.

L’un des premiers blooks de ce type à être publié en livre est celui de Ron l’infirmier en 2006, sous le titre La Chambre d’Albert Camus et autres nouvelles. Ron, alias William Réjault, publie depuis environ un livre par an, toujours inspiré de l’univers médical dans lequel il a travaillé. Le succès de son blog, puis du livre extrait, lui ont ouvert de nouveaux horizons puisqu’il a finalement été contacté par le site d’actualité Le Post pour devenir journaliste web.

Cette success story a depuis fait rêver de nombreux blogueurs et éditeurs. Car, si pour l’écrivain en herbe le témoignage professionnel est une porte ouverte sur le succès littéraire, c’est aussi pour les maisons d’édition l’assurance d’une bonne réception de l’ouvrage par le public. En effet, les blogueurs qui racontent leur quotidien professionnel bénéficient d’un capital sympathie important, et surtout, leurs récits touchent une grande partie de la population.

Les succès de librairie de ce type se sont donc enchaînés ces dernières années. On se souvient par exemple de Flic, Chroniques de la police ordinaire du lieutenant Bénédicte Desforges en 2007 , ou encore des Tribulations d’une caissière d’Anna Sam en 2008, et enfin, plus récemment, des récits d’une assistante sociale dans Chroniques de vies ordinaires de Valérie Agha, paru fin 2010 .

Si ces livres ne brillent pas par l’originalité de leurs titres, ils représentent pour la plupart l’assurance de bonnes ventes, et parfois même de produits dérivés. C’est le cas par exemple pour Les Tribulations d’une caissière qui, depuis, s’est vu décliné en bande dessinée, et sera adapté en film en 2012.

Une recette qui continue de fonctionner.

Aujourd’hui, un blog populaire et bien écrit peut encore avoir la chance de se voir publié en version imprimée. Les éditeurs attentifs savent que la blogosphère regorge d’auteurs à la plume efficace, et ils auraient tort de se priver d’un tel vivier.

Ces derniers temps, le phénomène semble pourtant s’être déplacé du côté de la BD et de l’illustration. C’est le cas, par exemple, pour les désormais célèbres trentenaires Pénélope Bagieux auteur de Ma Vie est tout à fait fascinante, et Margaux Motin qui s’est fait connaître grâce à son blog éponyme.

Avis aux amateurs ! Vous n’aurez besoin « que » d’un ordinateur, d’une connexion internet, d’un peu d’imagination et de pas mal de talent pour tenter de vous faire remarquer par un éditeur dans l’univers impitoyable du blog.