Visuel d’illustration issu d’owni.frMis en lumière grâce aux diverses révélations de WikiLeaks, il suscite une curiosité grandissante chez les journalistes comme chez les internautes. A l’heure du web et du numérique, il offre une alternative au traitement de l’information, avec les moyens d’aujourd’hui et pour le public d’aujourd’hui. Mais au fait, le data journalisme, qu’est-ce que c’est ?

Mettre en scène les données

On pourrait définir le data journalisme en deux mots, comme le croisement entre données publiques et journalisme. « Data » ou « donnée », parce que le volume croissant des données numériques à l’heure du web participatif ouvre la voie à leur exploitabilité. Journalisme, parce qu’un intermédiaire est devenu indispensable pour aider le lecteur à comprendre et à voir, à lire la complexité du monde de l’information. Plus simplement, le data journalisme, c’est une façon d’exploiter puis de mettre en scène les données pour les rendre plus lisibles.

Un angle différent de narration

Comme le journalisme traditionnel, le data journalisme nécessite de collecter, d’analyser, de donner du sens à ces données, bref d’éditorialiser. Comme le journalisme traditionnel, il met en évidence des faits et apporte des preuves. Mais à la

Cartes et graphiques issus du travail de data journalisme du Guardian

Cartes et graphiques établis par The Guardian à partir de 92 000 données militaires sur l’Afghanistan

différence de ce dernier, il se base sur l’exploitation de chiffres, de statistiques, de fonds cartographiques : en somme, il interroge les données plutôt que les témoins. Et il propose un angle différent de narration, par l’image plutôt que par les mots. En mettant en scène l’information grâce à la visualisation des données, il s’adresse à l’intelligence visuelle du public. Pour atteindre ce but, l’intervention de journalistes, mais aussi de développeurs, de graphistes, de statisticiens et d’architectes de l’information est nécessaire.

En octobre 2010, les équipes du quotidien britannique The Guardian ont par exemple constitué une base de données à partir de 92 000 documents militaires sur l’Aghanistan révélés par WikiLeaks. Ils ont ainsi illustré l’usage des engins explosifs artisanaux dans le conflit, les morts et les blessés lors de ce type d’attaques au fil du temps et l’emplacement de ce type d’attaques par région.

Logo d’owni.fr

Owni.fr, l’exemple français

Pourtant, malgré son immense potentialité, le data journalisme peine encore à se développer en France. Quelques sites d’information participatifs,  comme par exemple Mediapart avec frenchleaks, tentent l’expérience, mais c’est bien owni.fr le pionnier du genre dans l’hexagone. La start-up a écrit ses lettres de noblesse lors de l’affaire Iraq war logs en juillet 2010, lorsqu’elle a mis en place en quelques jours un logiciel de décryptage des documents militaires et établi des cartes mettant en scène les données recueillies.

Plus d’objectivité ?

Avec le data journalisme, l’information devient plus interactive, car il fait parfois appel au crowdsourcing, c’est-à-dire à l’utilisation des connaissances des internautes. Pour autant, aujourd’hui où le public est plus méfiant que jamais vis-à-vis des médias, permet-il plus de transparence et d’objectivité ? Pas si sûr, car la question de la qualité et de la fiabilité des sources se pose toujours et peut-être même de façon plus importante. Et que l’on exploite les chiffres ou que l’on utilise les mots, la part subjective du journaliste reste toujours aussi grande.

Plus d’infos :

Alain Joannès, Data journalisme – Bases de données et visualisation de l’information, CFPJ Editions, 2010 : un ouvrage de référence en la matière

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