Puisqu’il paraît que l’expérience professionnelle, si elle présentée avec un suffisant minimum de recul, peut faire office d’angle pour un bon article de blog, je vais vous parler aujourd’hui du quotidien d’un webrédacteur culturel. J’ai en effet occupé ce poste pendant près de 10 mois au sein de l’équipe de Vodkaster.com, le réseau social des cinéphiles. La partie magazine du site est alimentée tout au long de la semaine à la fois de news et d’articles plus approfondis, qui peuvent coller ou non à l’actualité ; elle ressemble donc à la plupart des sites culturels d’internet, ce qui permet de faire de mon expérience une généralité.

L'arme secrète du webrédacteur culturel

Echauffement matinal
Tout d’abord, la journée-type commence invariablement par une consultation rigoureuse des sites en rapport avec le thème atour duquel on travaille. Pour écrire sur l’actualité, il faut d’abord la lire. Et contrairement à ce qu’on pourrait croire, il n’est pas possible de se maintenir à niveau en comptant uniquement sur les dépêches et autres communiqués de presse, surtout si on traite d’un sujet international comme le cinéma, la musique ou la littérature, où les maisons-mères prennent surtout la peine de communiquer en local avant de laisser les informations se répandre. Une des meilleures manières d’accéder rapidement à ces informations est d’utiliser les flux RSS d’une poignée de sites qu’on sait être de qualité.

Une fois qu’on a dégagé ce qui nous semble être l’information la plus importante de la matinée, on peut se mettre à écrire dessus (avec ou sans validation du sujet par le rédacteur-en-chef selon la taille de l’entreprise et votre niveau de responsabilités) en prenant évidemment bien soin de respecter la ligne éditoriale du webzine et le format habituel des news ou articles d’actualité… et sans oublier de citer vos sources ! Selon votre position et le fonctionnement de la rédaction, vous pouvez ne jamais écrire ce genre de choses, n’écrire que ça, ou bien en écrire un nombre limité. Même si vous n’en écrivez pas, ceci étant dit, il est toujours bon de garder un œil quotidien sur l’actualité de votre secteur.

Récréations professionnelles
Si vous êtes rédacteur culturel, vous avez à écrire sur un produit culturel. Là encore, attendre passivement que ce produit en question arrive dans la boîte aux lettres de votre rédaction est une erreur : ce genre de choses n’arrivera pas, à moins que vous écriviez pour Le Monde ou Les Inrockuptibles. Il vous faut vous renseigner sur les dates de sortie publique des produits vous intéressant plusieurs semaines à l’avance (2 mois en moyenne pour le cinéma), trouver l’adresse mail ou le numéro de téléphone de l’attaché de presse en charge du produit, et lui en demander un exemplaire ou une invitation (pour une projection ou une exposition).

Votre mémoire n'est pas digne de confiance. Les Post-It le sont.

C’est le meilleur aspect de ce genre de travail : régulièrement, des morceaux entiers de vos journées seront occupés par la consommation de produits culturels ou la réalisation d’interviews. Certaines rédactions peuvent parfois tenter de vous pousser autant que possible à caler cette partie de votre travail sur votre temps personnel, mais ce n’est de toute manière pas tout le temps possible. L’important est tout de même d’organiser convenablement votre emploi du temps afin de veiller à ce que vous n’ayez pas à vous déplacer un jour de deadline (surtout si vous êtes du genre à commencer vos articles au dernier moment)…

Un poste plaisant… mais exigeant
Enfin, globalement, le plus gros de votre journée sera bien sûr consacré à la rédaction d’articles à proprement parler. Articles de fond, anglés, critiques, mise en forme d’entretiens, voilà, après tout, le cœur de votre travail. Si la rédaction en elle-même ne prend pas forcément beaucoup de temps, c’est la préparation et la révision de tels articles qui vous demanderont surtout beaucoup de travail de réflexion, pour bien angler votre problématique, faire un plan, trouver de bons exemples et des photos appropriées, puis en suite parvenir à respecter votre limite de signes et apporter à votre travail les modifications jugées nécessaires par le rédacteur-en-chef et finalement mettre votre texte en page…

Voici donc à quoi il faudra que vous soyez préparé si vous désirez être webrédacteur culturel, sans compter vos éventuelles fonctions de correcteur pour les autres rédacteurs si vous avez le malheur de ne pas faire de fautes d’orthographe et de grammaire. Et croyez-moi, une fois rentré chez vous, la dernière de vos envies sera bien d’écrire un devoir maison pour l’université !

Toutes images Wikimedia Commons