Intervenant : Éric Fiat

Discutant : Pascal Rouleau

 

Le master IEC a accueilli vendredi 4 novembre dans ses locaux Éric Fiat, venu discuter de son livre La Pudeur et de cette émotion, naturelle, plutôt méconnue, et propre à l’Homme.

Philosophe, Éric Fiat compte parmi ses spécialités l’éthique appliquée, médicale, hospitalière, du travail social mais également la philosophie morale, qui l’ont amenées à devenir membre de l’Observatoire National de Fin de Vie et de la Commission d’Éthique Française d’Hématologie.

Aujourd’hui, il enseigne l’éthique médicale au sein de l’Université de Paris-Est Marne-la-Vallée, où il est également responsable du master Éthique. Avant La Pudeur, il a écrit Corps et âme (Cécile Defaut – 2015), La couleur du matin profond (Les petites platons – 2013) et Petit traité de dignité (Larousse – 2012).

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Il a mené la conférence en compagnie de Pascal Rouleau, professeur associé au sein du master IEC de l’UCP. En parallèle, il mène sa carrière dans l’édition scientifique notamment au sein d’Elsevier Masson.

Pascal Rouleau et Éric Fiat

En 2015, Éric Fiat s’entretient avec Adèle Van Reeth, directrice de la collection « Questions de caractère », une co-édition France Culture et Plon. Cette collection se propose de dialoguer avec des philosophes contemporains sur des sentiments humains. Avant la pudeur, Adèle Van Reeth a déjà abordé l’obstination, la méchanceté, la jouissance et le snobisme.

Tantôt considérée comme censure, piment du désir, rencontre entre l’éthique et l’érotique, ou révélatrice de notre complexité, la pudeur ne se cerne pas facilement. L’assimiler à la pruderie ou à la honte serait bien réducteur, voire erroné. Dans cet ouvrage de philosophie, Éric Fiat et Adèle Van Reeth nous amènent à nous interroger sur la pudeur, sous forme d’interaction entre leurs avis et pensées respectifs. Petite anecdote : on y apprend que Kant est le discret inventeur… Du porte-jarretelles !

De l’importance de l’étymologie

Depuis tout petit, Éric Fiat a toujours été passionné d’étymologie. En introduction de sa Master Class, il met un point d’honneur à souligner l’importance de celle-ci dans la compréhension d’un mot, d’une notion. On apprend par exemple que le remords représente une « double morsure », du verbe « mordre » accentuée par le « re », signifiant à nouveau.

La pudeur suit le même schéma étymologique. Ce mot vient du latin pudere (avoir honte) qui vient lui-même du latin pudenda qui signifie « les pendantes » en référence aux « valseuses » de l’homme.

Pour Éric Fiat cependant, être pudique, ce n’est pas être honteux. C’est une honte possible, une honte virtuelle, une gêne que nous éprouvons à l’idée que notre corps, notre âme, puissent être dévoilés au grand jour…

 

Paraître, c’est comparaître

« L’Homme, c’est l’être vivant pudique. »

En tant qu’Homme, on ressent deux émotions contradictoires : on a envie, voire besoin, d’être vu mais en même temps, nous en avons peur.

« Paraître c’est comparaître. »

Nous n’avons pas demandé à être comme nous sommes, et pourtant nous sommes instantanément jugés sur ce corps que nous n’avons pas choisi. Cette première apparence – on a beau s’en cacher – est décisive, même si, à plus long terme, le jugement des autres peut être modifié… « La beauté des laids ne se voit qu’après un certain délai », disait Gainsbourg.

Ainsi, nous ne pouvons être nous-mêmes sans les autres. Et lorsque nous paraissons, nous l’éprouvons toujours avec une certaine gêne, et c’est au travers de cette gêne que se cache la pudeur.

Celle-ci commence à l’adolescence, puisqu’auparavant, les enfants adhèrent à leur corps. Mais la pudeur ne s’arrête pas au corps, elle s’attache aussi à l’âme : il y a des choses que l’on souhaite garder pour nous. Cette pudeur s’exprime également par les sentiments, quand il devient difficile de dire à ses parents qu’on les aime. Comme lorsque dans l’œuvre de Marcel Pagnol, Marius s’exprime ainsi à son père : « Papa, je t’aime bien ».

L’équipe organisatrice de la Master Class et l’équipe pédagogique souhaitent remercier chaleureusement Éric Fiat et Pascal Rouleau pour leur présence, leur intervention et pour le temps qu’ils ont accordé aux étudiants du Master IEC.

 

L’équipe Master Class :

–       Communication : Aurane Galopin, Allison Dos Santos, Nathanaël Deniau

–       Presse : Aliénor Benzekri, Victoria Leboulanger, Déborah Zitt