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Affiche de la masterclass

La deuxième masterclass du master IEC était une découverte d’un style journalistique spécifique, le portrait, initiée par Emmanuelle Hardy.

Emmanuelle Hardy

Emmanuelle Hardy

Après 12 années passées au sein d’agences de communication éditoriale print et web, Emmanuelle Hardy décide en 2015 de prendre son indépendance en créant sa propre société de communication. Elle s’occupe actuellement de contenu éditorial et de stratégie de communication en ayant pour leitmotiv de mettre les techniques journalistiques au service de la communication globale de ses client·es. Son but est de créer des contenus plus percutants en utilisant toutes ses connaissances des techniques journalistiques, communicationnels et éditoriales. Les politiques publiques, l’aménagement du territoire, l’urbanisme et l’habitat sont les domaines qui lui sont chers.

La découverte de l’écriture journalistique

L’écriture journalistique comporte différents types d’articles. Pour ce qui nous concerne, il ne faut pas confondre l’interview et le portrait. L’interview est une transcription d’une discussion sous forme de questions-réponses. Le portrait journalistique est, quant à lui, un éclairage sur un ou des aspect(s) d’une personne, d’un parcours, d’une vie. On se focalise alors sur différents aspects : apparence physique, biographie, citations, façon d’être, etc. Le style employé par la ou le journaliste est crucial tout comme l’angle adopté pour accrocher à la lecture. Le rédacteur peut axer son propos sur un voyage, les dernières parutions de l’auteur·e, la vie de la personne, l’œuvre générale, etc.

Pour le portrait de Jean-Yves Blay publié dans le magazine Acteurs de l’économie la tribune, le journaliste Nicolas Rousseau choisit une description de l’environnement de travail. Il aide ainsi le lecteur ou la lectrice à pénétrer avec lui dans le lieu de rendez-vous :

Avant d’entrer dans le bureau de Jean-Yves Blay, directeur général du centre Léon-Bérard, quelques phrases ornent le couloir qui mène à sa porte. Parmi ces quelques sentences, l’une attribuée à Antoine de Saint-Exupéry :
“Dans la vie, il n’y a pas que des solutions. Il y a des forces en marche ; il faut les créer et les solutions suivent.”

De la préparation à la rencontre

Le style du portrait prend du temps, il demande beaucoup de préparation.
On aura un bon portrait si on a eu un bon rendez-vous. – Emmanuelle Hardy

Un grand travail en amont est nécessaire avant de rencontrer la personne que l’on souhaite faire découvrir au lecteur. Il faut recueillir les informations importantes et trouver un lieu qui lui est familier. C’est une étape importante de mettre à l’aise l’interlocuteur ou l’interlocutrice pour obtenir le meilleur de la personne que l’on rencontre.

La rédaction

Le portrait c’est le papier par excellence où l’on veut rencontrer l’autre (…).
C’est le genre journalistique où l’on peut se faire plaisir en termes de style et sans objectivité. – E.H

Comme le dit Emmanuelle Hardy, le portrait doit transmettre des émotions et des images à la lecture. L’important est de donner envie de rencontrer l’autre. On n’est pas obligé d’être objectif dans le portrait, le style est beaucoup plus libre que pour tout autre écrit journalistique. Il faut bien sûr organiser l’article en différents niveaux de lecture pour permettre de le structurer et de guider l’œil lecteur. Le début de l’article (appelé « attaque ») doit être soigné car c’est la porte d’entrée. Idem pour la chute de l’article, où le rédacteur doit impérativement reprendre la main (ne pas finir sur une citation).

Les erreurs à éviter :
– Finir l’article avec une citation
– Faire attention aux mots qu’on utilise
– Ne pas utiliser le pronom “je”

L’astuce d’Emmanuelle Hardy : relire son papier le lendemain de l’écriture pour avoir une vision plus globale et repérer les changements nécessaires.

Un portrait parfait

Chaque semaine, dans le journal Le Monde, est publié un portrait de célébrité sous le nom de « un apéro avec… ». Le dimanche 10 novembre, Maroussia Dubreuil a relaté sa rencontre avec Laure Calamy l’actrice de la série « Dix pour cent ». Elle a intitulé son article « Je ris trop fort, non ? »

Une brunette au nez en trompette déboule au Cannibale Café, à deux pas de la butte de Belleville, à Paris. En ôtant sa veste zippée motif perroquets, elle dévoile un chemisier rouge cintré dont elle a ouvert les boutons du haut. « Je sors tout juste d’un casting », frémit Laure Calamy, en rejoignant illico notre photographe dans une arrière-salle vide, parée de larges miroirs. La jeune femme plonge une main dans son petit sac plein à craquer, d’où dépasse un Charlie Hebdo, et en sort un miroir de poche.

Ce début d’article est parfait. Une citation étrange en guise de titre nous interpelle et nous donne envie de connaître le contexte : « Je ris trop fort non ? » Cette interrogation de Laure Calamy concerne-t-elle le rendez-vous ou son jeu d’actrice dans la série ? Un titre séducteur pour attirer les lecteurs et lectrices. Maroussia Bubreuil, la journaliste, a misé sur un style humoristique qui nous met directement à l’aise à la lecture. Le premier paragraphe est une description détaillée de l’actrice dans laquelle est rapporté le moindre détail : des motifs sur sa veste au magazine dans son sac. L’arrivée de la « brunette » est retracée minutieusement et permet de peindre dès le début certains traits de caractère de Laure Calamy. La journaliste a réussi par ce biais à nous faire entrer dans le rendez-vous.

La mise en pratique du portrait journalistique

Emmanuelle Hardy a continué sa masterclass avec un atelier d’écriture de portrait journalistique. Les étudiant·es présent·es se sont donc mis·es en binômes en respectant les éléments abordés auparavant par l’intervenante. Les règles étaient simples : chaque personne devait faire le court portrait de l’autre. Une lecture de ces portraits a été faite lors de la fin du temps imparti. Après chaque intervention, Emmanuelle Hardy a partagé ses commentaires et remarques.

Les participant·es durant l’atelier d’écriture

Les participant·es durant l’atelier d’écriture

L’enjeu de cet exercice d’écriture d’un portrait était de se familiariser avec le monde journalistique. Il est question d’écrire en respectant des contraintes précises de fond et de forme. S’entraîner à cette pratique permet de se découvrir soi-même (vocabulaire utilisé, tons, angles) mais aussi de se rendre compte de la difficulté de cet exercice.

Le portrait dans nos métiers de l’édition et de la communication

Nous ne sommes, bien sûr, pas journalistes pour prétendre écrire dans des journaux et magazines.
Cependant, le portrait n’est pas cloisonné au milieu journalistique. Il est très souvent utilisé par des chargé·es de communication pour promouvoir l’image d’une personne politique, d’un·e PDG d’une organisation ou d’une entreprise. Pour les métiers du livre, cette méthode d’écriture est utilisée notamment pour faire la promotion d’un·e écrivain·e.

Emmanuelle Hardy, grâce à son partage d’expérience, nous a permis de comprendre que le monde du travail n’est pas une ligne droite et que nous pouvons, à tout moment, remettre en question nos objectifs. Cet atelier a permis à certain·es de découvrir et d’avoir confiance en leur faculté d’écriture. Faisant appel tout autant à notre créativité qu’à notre rigueur, cette masterclass nous a permis de produire des écrits dignes de grand·es journalistes !

Nous remercions Emmanuelle Hardy pour son intervention très enrichissante et tous.toutes les élèves de master 2 pour leur participation active.


Liens utiles :
> Le linkedin de Emmanuelle Hardy

L’équipe d’organisation de la masterclass : Andréa Luczak-Rougeaux, Clara Laspalas, Elvire Lakraa, Kadidja Kamil Said.