À la suite d’un stage de lecteur dans une grande maison d’édition parisienne, Bruno Migdal dresse un tableau pour le moins savoureux de ce petit monde, qui parlera à chacun de nous !


Petite pépite du paysage éditorial parue aux Éditions de la Différence le 12 janvier dernier, Petits Bonheurs de l’édition est le journal de stage de Bruno Migdal, quadragénaire et employé d’un établissement scientifique où l’édition est un mystère, qui décide soudain, par passion pour la littérature, de tenter une petite incursion dans le milieu fermé des éditeurs parisiens, juste « pour le découvrir ».

Bien loin d’un rapport de stage académique, il s’agit bien là d’un journal, que l’auteur a écrit au jour le jour, du 12 janvier 2004 au 31 mars 2004, et qui décrit avec une constante ironie, le quotidien des Éditions Grasset. Si le nom de la maison n’est jamais directement cité, l’ancien stagiaire nous en donne la célèbre rue, les grands auteurs historiques et les initiales de ceux d’aujourd’hui.

Des règles du jeu complexes…

Pour le stagiaire, l’issue du stage est souvent connue dès le premier entretien. Ce fut du moins le cas pour notre lecteur de manuscrits. Le deal était le suivant et il fut respecté : aucun contrat à la clé, et une rémunération d’un euro de l’heure.

La hiérarchie est reine, et les comportements sont visiblement régis par des règles, qui ne sont pas expliquées à ceux qui, de toute les façons, ne resteront pas : « la stratégie, la politique, la diplomatie sont choses dont le petit personnel est tenu à l’écart, le privilège d’un cercle d’initiés ». Tout est dit !

… et des manuscrits à la pelle.

Bruno Migdal, en charge des manuscrits, rend compte d’une autre triste réalité, pour les stagiaires que nous sommes : la probabilité de tomber sur un manuscrit spontané qui sort réellement du lot, et qui sera publié est quasi nulle. Chez Grasset, « un inconnu par an les années fastes », et pourtant « il déferle plus de manuscrits que tous les stagiaires du monde se relayant jour et nuit ne pourraient en éponger, c’est une lame de fond qui se fracasse sans répit sur le bâtiment ». Il faut dire que de plus en plus d’individus considérant leur propre expérience comme un roman, décident d’en écrire un. Ce qui bien sûr, donne beaucoup de travail au stagiaire mais surtout, lui assure de tomber sur de véritables ovnis, comme celui que Bruno Migdal nous livre ici « Aujourd’hui, le manuscrit d’une folle, orné de sa photo en robe de mariée ».

Quoiqu’il en soit, bonne ou mauvaise nouvelle, les étudiants en édition, toujours plus nombreux, devraient continuer à trouver des stages ! Pour ce qui est du travail, Bruno Migdal ne nous garantit rien…

Petits Bonheurs de l’édition, journal de stage,
Bruno Migdal,
Éditions de la Différence (janvier 2012)
10,15€