Emprunter en bibliothèque pour 30 minutes, une chanteuse d’opéra, un moine bouddhiste, un ex-membre de gang, un vétéran de la guerre d’Afghanistan, un imam ou bien encore une réfugiée haïtienne, voilà le projet original de la bibliothèque municipale d’Ottawa au Canada.

Si le concept de bibliothèque humaine n’est pas nouveau, ce projet canadien intitulé Histoires vécues, Histoires à partager, se distingue par son ampleur et le nombre de participants (plus de 30) ainsi que le concours de  la chaine de télévision nationale CBC.

A la différence des bibliothèques traditionnelles, dans une bibliothèque humaine l’élément central n’est plus le livre mais au contraire l’individu. Les personnes empruntées, autrement appelées « livre-humain », se chargent généralement de lire quelques pages d’un ouvrage mais ce n’est pas le plus important.

Une bibliothèque humaine est avant tout un projet social au sein duquel les personnes participantes  témoignent de leurs expériences, promeuvent une cause ou aident à lutter contre les préjugés qui perdurent dans nos sociétés. L’objectif est au final de mettre en relation des gens qui sinon ne se rencontreraient pas.


Le concept est né au Danemark au début des années 2000 à l’initiative de l’association Stop the Violence. Fondée en 1993 par 5 jeunes, l’association s’est donnée pour objectif de lutter contre toutes les formes de violence et de discriminations. En 2000, la première bibliothèque humaine est apparue au cours d’un festival de musique, puis l’idée s’est enracinée et de nombreuses bibliothèques humaines ont commencé à apparaître dans le monde, Australie, Norvège, Chine, Chypre, etc. En 2010, les bibliothèques humaines étaient présentes dans près de 28 pays.

En Autriche, la bibliothèque humaine Living Books a remporté le prix du projet social de l’année 2008, pareillement au Danemark, le bus Human Library a été récompensé à plusieurs reprises depuis sa création (prix Little Brother Award). Enfin à Toronto, une collection permanente de « livres-humains » a été installée, signe de l’engouement des canadiens pour le projet.