Depuis le 22 mars dernier, jusqu’au 3 juillet 2011, la BNF met Gallimard à l’honneur, à l’occasion du centenaire de la prestigieuse maison d’édition.

À l’heure chaotique des bouleversements vécus par la chaine du livre, il est bon de constater que, quoi qu’il advienne, certains savent encore faire des livres, et des bons. Cette rétrospective ne manque pas d’éclairer la célèbre remarque de Paul Claudel à André Gide : «  Toute la question est de savoir si une entreprise commerciale peut vivre en n’éditant que des ouvrages excellents de forme et de fond… ». La réponse est assurément positive !

D’une manière très didactique, cette exposition revient tout d’abord sur l’histoire littéraire et intellectuelle de la maison. Deux ans après la création de la Nouvelle revue Française (NRF), la maison d’édition Gallimard est fondée le 31 mai 1911 par Gaston Gallimard, André Gide et Jean Schlumberger, qui, chacun, investissent trois mille francs dans cette entreprise. Depuis cette genèse jusqu’à l’ère des actuels projets éditoriaux numériques, les dessous de cette maison, restée jusque là bien secrète, sont présentés au public. Outre les différentes étapes évolutives de la maison, on nous donne à voir et à comprendre ici des périodes complexes, comme celle de la deuxième guerre mondiale, pendant laquelle l’activité et la création littéraire furent mises en danger.

Évidemment,  il est aussi question ici de création. La première salle de l’exposition se concentre ainsi sur les manuscrits et les portraits des auteurs estampillés Gallimard, comme André Gide, Paul Claudel ou Marcel Proust, jusqu’aux contemporains tels que Daniel Pennac (on découvre même un manuscrit inédit de son prochain roman) ou Jonathan Littell en passant par André Malraux, Simone de Beauvoir… Car il ne faut pas oublier que Gallimard est une maison d’excellence : forte de 35 prix Goncourt, et de 36 prix Nobel de littérature, cette maison peut également s’enorgueillir d’un catalogue de 40 000 titres.

La richesse de cette exposition est quelle ne s’arrête pas à la démonstration de la réussite de cette maison. On y découvre en effet les différentes étapes de la création d’un ouvrage. Du processus de sélection des textes à l’élaboration de l’ouvrage depuis le manuscrit, Gallimard nous offres des documents rares. On accède notamment aux fiches de lectures des ouvrages et aux débats qui ont animé leur publication. Pour la première fois, le travail du comité de lecture est exposé au public. Une partie de l’exposition nous dévoile également les travaux graphiques touchant à la publication (couvertures, typographie…). Ainsi, les coulisses de cette maison n’auront plus de secrets pour les visiteurs bien intentionnés à l’idée d’aller voir une telle exposition.

Des archives riches et des documents inédits soutiennent cette initiative. Des archives de l’INA, des manuscrits, des éditions originales, des documents promotionnels et commerciaux, des maquettes, des extraits de correspondances et de troublantes photographies, tout ces témoignages sont issus de la maison elle-même, de la BNF et d’autres bibliothèques.

C’est ainsi que l’on s’aperçoit que la maison Gallimard, de la « Blanche », à « Série noire », de « Folio », en passant par les « Pléiades », des « Guide du voyageur » à la jeune et dynamique collection de bande-dessinée « Futuropolis », est aujourd’hui la plus grande maison d’édition française indépendante. Cette exposition retrace brillamment la chronique professionnelle et intellectuelle d’un siècle d’édition, voué au seul mouvement de la littérature et des idées.

http://www.gallimard.fr/

http://www.bnf.fr/fr/acc/x.accueil.html