Masterclass Georges Lomné – Du manuscrit à l’édition

Le 8 décembre 2017, le Master Ingénierie éditoriale et communication a eu l’honneur de recevoir Georges Lomné, maître de conférences en histoire contemporaine à l’Université Paris-Est, Marne-la-Vallée (UPEM), et membre de l’équipe de recherche « Analyse Comparée des Pouvoirs », dans le cadre de la masterclass « Du manuscrit à l’édition ». L’occasion pour notre intervenant de présenter les enjeux et les problématiques liés à la publication du récit de voyage. Cette dernière masterclass de l’année 2017 était donc placée sous le signe de la découverte et de l’ouverture sur le monde.G Lomné

Georges Lomné durant son intervention

Publier le voyage

Georges Lomné est historien de l’Amérique latine à l’Université Paris-Est, Marne-la-Vallée. Ayant vécu au Pérou, il en est devenu spécialiste, son savoir s’est ensuite étendu à l’Équateur et à la Colombie. Dans ses recherches, il se pose notamment la question du lien entre le métier d’historien et la fonction d’auteur. Il précise toutefois qu’il n’est pas un professionnel de l’édition bien qu’il travaille souvent en lien avec les éditeurs.

Georges Lomné nous a présenté l’ouvrage qu’il a écrit, qui n’a pas encore été publié, rapprochant édition, histoire et voyage : Publier le voyage : une approche d’historien. Le témoignage de Théodore Gaspard de Mollien (1823-1825). Il s’agit d’une étude sur la publication du Voyage dans la République de Colombia, de Mollien, paru en 1824 aux éditions Arthus Bertrand. Quel problème pose la publication d’un récit de voyage ? Du coté des historiens, c’est un genre très peu étudié car il est considéré comme ne représentant pas toujours la réalité historique. Et du côté éditorial, il est considéré comme un genre mineur sauf pour quelques maisons spécialisées, représentées notamment par l’Union des éditeurs de voyage indépendants. L’intérêt à publier cet ouvrage serait donc de revaloriser auprès des historiens et des éditeurs le genre du récit de voyage historique et de faire sortir de l’oubli Théodore Gaspard de Mollien.

Affiche Masterclass

L’affiche entièrement réalisée par l’équipe étudiante organisatrice

Le voyage politique de Mollien en Colombie

Bien que n’ayant aucune connaissance sur la Colombie des années 1820, Georges Lomné a choisi de travailler sur cette zone géographique, durant cette période, par hasard. Il a demandé un livre sur le sujet de la Colombie et est tombé sur le Voyage dans la République de Colombia de Mollien. Ce dernier est un voyageur inconnu des Français aujourd’hui, mais il était immensément connu au moment de la publication de son récit de voyage. Georges Lomné est tombé amoureux de ce livre grâce aux informations qu’il délivre sur la Colombie et grâce au  style d’écriture de l’époque, son « grand style » comme l’appelle Georges Lomné.

Mollien fait parti des quatre espions envoyés par Louis XVIII en Amérique latine en 1822. Il va en Colombie pour préparer une potentielle invasion de l’Amérique latine par la France. L’entreprise de Mollien consiste au traçage d’une carte de la Colombie, l’une des premières réalisées.

Mollien ne trouve pas l’égalité proclamée par les républicains colombiens en Colombie, mais il se moque d’une République de déserteurs, de servitude, et en guerre civile depuis 20 ans. Il juge la Colombie comme étant une sorte de fin du monde. Les Colombiens ont détesté le livre qui ne sera traduit en espagnol qu’en 1845, et republié en 1892, car ils vivaient encore dans leur mythe républicain.

Flyer Masterclass

Les dépliants, second support pédagogique réalisé par les étudiants

Comment publier Mollien en 2017 ?

Il faudrait le présenter comme un livre anthropologique. Ce récit de voyage pourrait être utilisé pour donner des pistes sur la société colombienne de l’époque, ou encore pour donner une illustration politique, mais avec un angle d’attaque géopolitique, car les réflexions de Mollien sont fascinantes sur les différentes Colombies. Il va même jusqu’à inventer des régions là où il n’en existe pas, car l’Amérique latine est un archipel urbain et, entre chaque ville, il y a des déserts urbains.

« Ne croyez pas qu’un voyageur voyage. Il voyage surtout dans sa tête. C’est au retour qu’il voyage le plus. Quand il est à sa table et qu’il écrit ses impressions ». G. Lomné prend l’exemple de Nicolas Bouvier, auteur de l’Usage du monde

Un grand merci à Georges Lomné pour sa venue et son intervention très enrichissante auprès des étudiants !

 

L’équipe Masterclass : – Communication événementielle : Raphaëlle Gourvat, Carole Jamin et Marylou Rodella – Relations publiques et presse : Mélissandre Sabathier-Robic, Laura Stauffer, Jean-Maël Thomas et Théo Tissier