… d’une œuvre à l’autre. L’adaptation d’un best-seller au cinéma.

Si vous ne faites pas partie des millions de lecteurs de la trilogie à succès de Stieg Larsson mais si vous vous intéressez un tant soit peu à l’actualité littéraire ou cinématographique – ou plus simplement encore si vous utilisez quotidiennement les transports en commun – vous aurez forcément eu vent de la déferlante Millénium.

Cette trilogie de romans policiers de l’écrivain suédois Stieg Larsson, publiée entre juillet 2005 et mai 2007, fait toujours en 2012 grandement parler d’elle. D’une part par leur récente parution en format poche, pour les deux premiers tomes pour l’instant, et d’autre part par la sortie médiatisée de l’adaptation cinématographique américaine du premier volet : Les hommes qui n’aimaient pas les femmes.

Je tiens à souligner qu’il s’agit d’une adaptation remake. En effet, en 2009 le premier volet de Millénium avait déjà été porté sur grand écran par le réalisateur danois Niels Arde Oplev. Au vu du succès, en Suède notamment, dont avait fait l’objet ce premier film, les deux autres volets de la trilogie : La fille qui rêvait d’un bidon d’essence et d’une allumette et La Reine dans le palais des courants d’air ont par la suite également été adaptés au cinéma.

Si je propose aujourd’hui de m’attarder sur l’adaptation de David Fincher ce n’est pas en vue d’émettre une critique, positive ou négative, sur le travail du cinéaste – je n’en ai pas plus la prétention que la légitimité – mais plus simplement parce qu’en tant que lectrice régulière et amatrice de cinéma, je me suis interrogée sur la complexité que représente l’adaptation cinématographique d’un best-seller.

Ce qui m’a d’ailleurs poussée à aller voir ce film c’est qu’après avoir lu le livre je me suis posée plusieurs questions :

Comment un réalisateur peut-il parvenir à s’approprier l’histoire d’un best-seller ?
Comment peut-il parvenir à se détacher d’une œuvre afin de créer la sienne ?
Comment ce nécessaire détachement est-il possible sans pour autant être infidèle à l’œuvre d’origine ?

Le livre m’a beaucoup plu. Je n’irai pas jusqu’à le qualifier de chef d’œuvre de la littérature mais ce fut quoiqu’il en soit un agréable moment de lecture. L’histoire est bien ficelée, l’intrigue bien trouvée, les rebondissements fréquents, les descriptions abondantes et détaillées, les personnages surprenants…

Au moment d’entrer dans la salle de cinéma j’étais donc à la fois enthousiaste et dubitative au vu des interrogations que la perspective de l’adaptation de ce livre avait suscité chez moi.

Et finalement j’en suis ressortie plutôt agréablement surprise.

L’ambiance générale qui se dégage du livre me semble avoir bien été captée par le réalisateur. Le casting est quant à lui plutôt convaincant – et je ne dis pas cela en tant que fan absolue de Daniel Craig, je trouve d’ailleurs que c’est l’actrice Rooney Mara dans le rôle de Lisbeth Salander qui m’a parue le plus « coller » à l’image qu’on peut se faire d’elle en lisant -.


L’histoire, comme je m’y attendais, a clairement été simplifiée mais de manière, selon moi, plutôt judicieuse. Nous avons ainsi bien moins de détails concernant les personnages, mais ceci n’entame pas l’appréhension de la psychologie de chacun d’entre eux.
David Fincher ne se réfère pas autant au passé que Stieg Larsson ou du moins il entre moins dans les détails du passé sur lequel se base l’histoire narrée, mais une fois de plus cela n’interfère pas dans la fluidité et la bonne compréhension de l’histoire.
J’ai de plus noté qu’il nous révélait certains détails, certainement dans le but de favoriser davantage notre appréhension de l’histoire et des personnages, qui ne viennent que plus tard dans l’œuvre écrite.

En somme l’adaptation proposée par le réalisateur américain m’a convaincue en ce sens que malgré la simplification de l’histoire et les modifications apportées au scénario le film tient bien la route et reste tout de même fidèle à l’œuvre de Stieg Larsson.