Annoncée officiellement en mars 2011, la mise en vente des Éditions Flammarion par le groupe italien RCS continue de tenir tout le monde en haleine. Le conseil d’administration, qui s’est tenu ce vendredi 16 mars, et qui était censé examiner les différentes offres reçues, n’a pas encore abouti. L’avenir de la maison reste donc en suspens.

Les rumeurs sur une possible cession de Flammarion ont commencé à circuler en janvier de cette année. Le groupe italien RCS Rizzoli-Corriere della Sera, qui détient aussi le journal sportif La Gazzetta dello sport et le quotidien espagnol El Mundo, aurait décidé de vendre certaines de ses composantes pour faire face à la crise financière qu’il traverse depuis quelque temps. Avec une dette estimée à 938 millions d’euros, RCS a déclaré avoir subi une perte de 2,7% de son chiffre d’affaire, soit l’équivalent de 322 millions d’euros, au cours de l’année 2011.

Le groupe avait racheté l’éditeur en octobre 2000 : la famille Flammarion, à la tête de la maison depuis 1876, avait alors décidé de céder son quota à condition de garder Charles-Henri, son président de l’époque, à la tête de la société.

Désormais dirigé par Teresa Cremisi, nouvelle PDG et éditrice expérimentée ayant déjà travaillé pour Gallimard, Flammarion possède un catalogue de près de 27 000 titres et vend chaque année plus de 36 millions de livres, dont environ 1 400 nouveautés. Grâce au succès de quelques coups éditoriaux, comme l’obtention du prix Goncourt par Michel Houellebecq, le chiffre d’affaires de la maison s’élève à environ 220 millions d’euros par an.

C’est pourquoi, les offres déposées auprès de Mediobanca, la banque conseil de RCS, ont été nombreuses et ne sont pas uniquement venues de l’Hexagone. Outre la candidature de Gallimard, d’Albin Michel et de Média Participation, d’autres acteurs internationaux ont manifesté leur intérêt : Editis (groupe Planeta, Espagne), Harper Collins (États-Unis) et Feltrinelli (Italie).
La dernière proposition à avoir été officialisée, et donc analysée lors du conseil d’administration RCS du 16 mars, est celle de Françoise Nyssen, PDG de la maison d’édition Actes Sud, dont Flammarion est non seulement distributeur, mais également actionnaire à hauteur de 27,7%.

Opération économique dans laquelle même le FSI, le Fond d’Investissement Stratégique, se dit prêt à intervenir pour accompagner les autres investisseurs dans un plan de reprise rapide et efficace, la vente de Flammarion est un événement d’internet général non seulement parce que de nombreux intérêts financiers sont en jeu, mais surtout parce qu’elle va changer les équilibres de l’édition française.
En effet, un éventuel rachat de Gallimard ne ferait que consacrer la maison en tant que leader de l’édition française ; au contraire, l’acquisition de la part d’un groupe étranger confirmerait que la concentration éditoriale à niveau international devient une vraie tendance stratègique.

Quoi qu’il en soit, le divorce Flammarion-RCS signe la fin d’une époque, sans pourtant se révéler un complet échec : en une dizaine d’années la maison a grandi, expérimenté et pris de risques. Mais surtout, elle a su s’affirmer, une fois pour toutes, comme un acteur incontournable de la scène éditoriale en France.