L’édition adaptée aux aveugles et malvoyants, vous connaissez ? En France, c’est un petit marché qui survit souvent grâce à des associations et dont on parle peu. Et pourtant des maisons d’éditions adaptées œuvrent dans l’ombre depuis des années à l’image des éditions « Les Doigts Qui Rêvent ». Zoom sur 18 ans d’engagement, de projets et d’albums tact-illustrés !

les doigts qui rêventC’est en réponse au manque total d’accès aux livres et albums pour enfants déficients visuels, que les éditions Les Doigts Qui Rêvent ont vu le jour  en 1993. Face à ce constat alarmant, quatre couples de parents d’enfants non-voyants aidés d’enseignants spécialisés ont décidé d’agir en créant la  1ère maison d’édition adaptée européenne ayant le statut d’association loi 1901.

Le pari était osé : fabriquer des livres accessibles aux enfants déficients visuels aussi attrayants que ceux dédiés aux voyants. Et pourtant, la maison d’édition associative a tenu son pari et est même devenue producteur unique au monde. En 18 ans d’existence c’est 30 000 albums fabriqués, 175 titres dont 9 en 7 langues.

La fabrication de ces livres repose en outre sur  l’économie solidaire puisqu’ils sont fabriqués  dans une entreprise d’insertion de personnes en grandes difficultés.

Philippe Claudet, un des fondateurs de la maison d’édition témoigne :

Les doigts qui rêvent
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Tact-illustré ? Vous avez-dit tact-illustré… ?album tact-illustré

L’originalité des albums de cette maison d’édition repose sur la réunion en un album des trois principaux procédés de lecture: le tactile, le braille, le gros caractère.

L’album tact-illustré est donc accessible à tous les enfants et favorise l’intégration sociale des déficients visuels. En plus de comprendre deux types d’écriture (gros caractère et braille) il présente de nombreuses illustrations en relief colorées et contrastées.

Ces livres tendent également à devenir de vraies productions esthétiques et renvoient une image positive du handicap, ce qui aide à l’intégration

Quid du marché de l’édition adaptée jeunesse depuis 1993?

Les informations à ce sujet sont rares mais la Fédération des aveugles de France déclare en 2006 que  « seulement 2%  des ouvrages pour la jeunesse sont disponibles en braille ou dans un autre format adapté ». Livres trop coûteux, trop compliqués à réaliser, problèmes de droits d’auteur, les maisons d’éditions adaptée jeunesse se font rares …

Et pour cause, d’après la revue « Être Handicap Information » (n°85, p.20) un livre en braille coûte dix fois plus cher qu’un livre classique. Pour avoir un ordre d’idées, le sixième tome de la saga Harry Potter représente, en version braille et en format équivalent A4, 17 volumes de 100 pages…

Et pourtant, qu’un enfant soit  voyant, malvoyant ou non-voyant ne change en rien la nécessité de la lecture au sein de son apprentissage scolaire. Culture, orthographe, syntaxe, vocabulaire sont autant d’éléments que l’enfant acquière via la lecture. Lecture et écriture étant étroitement liées, si l’accès au premier est empêché alors qu’advient-il du deuxième, et surtout qu’advient-il de l’apprentissage de l’enfant ?

Pour aller plus loin :

Site internet de la maison d’édition : http://ldqr.org

Site internet de la Fédération des aveugles de France : http://www.faf.asso.fr/

Site internet de la revue Être Handicap Information : http://www.etre-handicap-info.com/