« Pas de théorie de la communication sans théorie de l’incommunication »

Le 25 novembre 2016, le Master Ingénierie Éditoriale et Communication (IEC) de l’Université de Cergy-Pontoise a accueilli une conférence sur l’incommunication sur le site universitaire de Gennevilliers. Cette masterclass a été animée par Dominique Wolton, directeur de recherche sur la communication au CNRS et fondateur de la revue Hermès, en présence de Joanna Nowicki, directrice du Master IEC et professeur en science de l’information et de la communication.

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Dominique Wolton a alors eu l’occasion d’expliquer aux étudiants ses pensées pour arriver à une théorie de l’incommunication comme il l’a fait dans son dernier livre « Communiquer c’est vivre ». Pour introduire le sujet, il a choisi de parler d’amour : « la communication, c’est l’amour ». En effet, au bout d’un certain temps, une forme d’incommunication peut s’installer : par amour on peut ne pas relever les propos portés par l’être aimé. Mais pour pouvoir continuer à cohabiter il est nécessaire d’engager une négociation. Celle-ci est alors la clé de l’incommunication.Couv DWolton

« Pourquoi la communication est le plus grand idéal de la vie, et pourquoi ça ne marche pas ? »

Informer n’est pas communiquer puisque cela va dépendre de l’intelligence du récepteur. Si la personne en face ne cherche pas à comprendre, on l’informera mais nous ne communiquerons pas avec elle. C’est, selon Dominique Wolton, la découverte du XXe siècle. En effet, l’omniprésence de la technique n’a pas réglé les problèmes de communication, on découvre alors toute sa complexité et on devient déçu par celle-ci. Il pense alors qu’aujourd’hui, la plupart des gens « idolâtrent les tuyaux pour cacher les difficultés de la communication ». C’est le danger à ce jour des GAFA (Google, Apple, Facebook et Amazon), on se sert beaucoup de ces moyens de communication, mais communique-t-on plus facilement pour autant ? La réponse du conférencier est non. Il y a toujours des guerres dans le monde et de la haine. Si la théorie du « plus on se voit, plus on se comprend » fonctionnait, tout cela n’existerait plus. La culture devient aussi un facteur de guerre, il est impossible de gérer toute la diversité culturelle. Il faut apprendre à cohabiter, comme il l’expliquait à l’ouverture de sa conférence en prenant l’amour comme modèle.

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Les symboles majeurs de l’incommunication selon Dominique Wolton sont les suivants : l’autre, la communication humaine à opposer à la technique qui devrait faciliter cette dernière, les inégalités sociales, la diversité culturelle et la langue, et enfin l’incommunication politique.

Pour gérer cette incommunication, Dominique Wolton a donné trois mots : RESPECT, TOLÉRANCE et NÉGOCIATION. Ces trois notions vont alors permettre une cohabitation.

« Tant qu’on se parle on ne se tue pas… »

Place aux questions des étudiants.

Dominique Wolton a répondu aux différentes questions posées par l’assemblée en abordant par exemple la question du Brexit. Cet événement géopolitique fait ressortir une notion importante de l’incommunication, « il ne suffit pas que l’information existe pour que la communication passe ». En effet, les Anglo-saxons avaient toutes les informations présentes mais ils ne s’en sont rendus compte qu’après avoir voté. La conférence aura aussi été l’occasion de répondre à de nombreuses autres questions comme la relation entre les médias et les hommes politiques, ainsi que le terme populisme ou la place du chercheur en France.

Dominique Wolton a terminé cette conférence avec une pensée qui donne matière à méditer : « Communiquer, c’est prendre le risque de la vie… »

Toute l’équipe organisatrice tient à remercier Dominique Wolton pour avoir fait le déplacement et avoir pu partager sa façon de percevoir l’incommunication avec les étudiants.

Groupe_ DW

Equipe Masterclass:

– relations presse : Chloé Marquet, Juliette Fayollet, Maud Paillé
– communication : Manon Le Hent, Laure Henaux, Sarah Carabin, Romane Robert