Le monde littéraire est aujourd’hui en perpétuelle mutation et surpopulation. On ne compte plus les éditeurs, les genres et autres catégories dans lesquelles nous tentons tant bien que mal de classifier les dernières parutions, et les auteurs, qu’ils soient reconnus ou non, publiés ou non, sur papier ou sur toile, sur Twitter ou sur Facebook. Avoir un panorama complet de ce qu’il se fait dans un genre particulier me semble de plus en plus compliqué, et l’est d’autant plus dans la littérature en général. Mais paradoxalement, il n’en est que plus aisé de s’attacher à un auteur. Cet auteur pour moi c’est Neil Gaiman, le maître de la mutation littéraire et éditoriale.

The Graveyard Book

Le 25 juin 2010, Neil Gaiman remportait la Carnegie medal – le top des awards britanniques en littérature jeunesse – pour son Graveyard Book.
Certes ce n’est qu’une récompense de plus au palmarès déjà chargé de Gaiman (World Fantasy Award, the Comics Buyer’s Guide Award, the Hugo Award, the Bram Stoker Award, deux Mythopoeic Fantasy Awards for Adult Literature et bien d’autres encore) mais c’est surtout pour moi une occasion toute trouvée de parler un peu de cet auteur hors du commun sans lequel la littérature contemporaine ne serait plus la même.

Neil Gaiman

Mais qui est-il ? Ours mal léché de 50 ans, cheveux longs, toujours de noir vêtu, Neil Gaiman a un style savamment étudié à mi-chemin entre le bad-boy rockeur et Severus Snape.

Conteur aussi prolifique qu’enchanteur, Gaiman a ceci de particulier qu’il échappe toute catégorisation : de la jeunesse aux comics en passant par la Fantasy, la SF ou encore l’horreur, Gaiman touche à tout et marque de son empreinte, de ce style si profondément « Gaiman », chacun des univers littéraires auxquels il contribue.

Mais pourquoi d’ailleurs se contenter de littérature ? Car Gaiman est aussi un fin scénariste, pour qui films, séries et cinéma n’ont plus aucun secret. Vous l’aurez compris, Gaiman fait partie de ces gens à qui tout réussit.
Maître donc de cet univers populaire qui me fait rêver, Gaiman est l’auteur parfait qui se renouvelle sans cesse, qui surprend à chaque fois, sans jamais décevoir son lecteur, son éditeur, ou plutôt ses éditeurs, car il est bien entendu publié dans plusieurs maisons, selon le genre et le support sur lequel sa dernière nouveauté paraîtra (papier, web, audio).

Voici donc un petit panorama des univers Gaiman.

La jeunesse
Publié, en majeure partie, chez :
Harper Collins aux États-Unis,
Bloomsbury en Angleterre,
J’ai lu et au Diable Vauvert en France.

Tout le monde aujourd’hui connaît Stardust, depuis sa sortie au cinéma et l’inoubliable De Niro en Capitaine Shakespeare… et même si ce personnage de toute beauté n’existe pas dans le roman (spoiler !), Stardust n’en demeure pas moins une histoire enchanteresse entre conte de fées et aventure.

Coraline, à son tour, ne demande plus aucune introduction. En effet, que l’on parle du graphic novel ou du film, les mésaventures de la petite fille font aujourd’hui partie de cette culture populaire dont nous nous régalons chaque jour.
Mais Coraline permet en revanche d’introduire la passion de Gaiman pour les graphic novels et les comics. Et qui dit comics dit… superhéros… et qui dit superhéros, dit forcément Batman ! Et oui Gaiman est aussi un grand fan de comics et plus particulièrement du Dark Knight. Il a d’ailleurs participé à l’aventure du détective masqué en 2009.

Les comics
Publié chez :
DC, Marvel et Vertigo dans les pays anglosaxons,
Le Téméraire, Delcourt et Panini en France.

Batman, Whatever Happened To The Caped Crusader

Batman, Whatever Happened to the Caped Crusader vaut très franchement le détour. Dans cette histoire déjantée, pourris, side-kicks, et autres personnages de la série se réunissent autour de la dépouille du Chevalier Noir pour lui porter un dernier hommage. Une grande aventure de Batman qui, en fan incontestée du détective masqué, n’a pas manqué de me surprendre.

 

 

 

 

 

The Doll's House

The Sandman : voilà pour moi « le Saint Graal Gaiman » toutes catégories confondues. Une série tout simplement sublime qui met en scène la vie des sept Endless (les Éternels) : Dream, Death, Destruction, Despair, Desire, Delirium and Destiny et leurs interactions avec le monde des mortels. Dix épisodes (+ spinoffs) de haut vol dans lesquels Gaiman réinvente les différentes traditions mythologiques qui bercent notre littérature. Je ne me lasse pas non plus des nombreuses références littéraires qui ponctuent le texte (Shakespeare, Defoe, Coleridge pour ne citer qu’eux).

Et comme le dit si bien Peter Straub dans son intro au tome 7 « If this isn’t literature, nothing is ».

Littérature
Publié chez :
Harper Collins et Avalon Books aux États-Unis et Headline Tours en Angleterre,
J’ai lu et au Diable Vauvert en France.

L’univers aussi sombre que mythique des Sandman n’est pas sans rappeler les romans que Gaiman a publié. Je n’en citerai que quelques uns : Neverwhere, American Gods et Anansi Boys. Des romans gothiques tirant sur l’horreur – à mon sens, tout droit descendus de l’univers de Poe – où mythes, contes de fées (des origines) et aventures ne font qu’un.

Pour finir je dirais que Gaiman a cette capacité à surprendre son lecteur : dans les histoires qu’il choisit de raconter, dans le style qu’il utilise, dans les références qu’il fait, il surprend et il choque, si bien qu’une fois fini, le roman nous laisse perplexe, empreint aux flashs, aux images et aux sensations que cette histoire nous aura laissé. Lire Gaiman est donc une expérience toujours changeante, toujours surprenante !