La promo du Master 2 IEC 2012 est partie cette année en Roumanie afin d’étudier le paysage éditorial Roumain depuis la chute du communisme. De Bucarest à Iasi, d’imprimeries en agences de communication, le groupe de 40 personnes n’a pas chômé, et finalement pas beaucoup dormi. Retournons sur nos pas l’espace de quelques paragraphes et tentons de comprendre ce que fût ce périple Roumain.

Il est d’« usage », durant les études secondaires, de partir à Berlin, à Madrid, à Londres ou encore à New-York. Mais qui peut se vanter d’être parti une semaine en Roumanie, parcourant le territoire en avion, en bus, en taxi, en tram, en métro et à pattes ? De prime abord, on pourrait grimacer en entendant la destination : quelle pauvre image avons-nous de la Roumanie ! Oui mais voilà, le pays surprend et regorge de petits trésors pour un groupe exténué par de longues années d’études (si, si, un peu d’auto-empathie est nécessaire ici).

… A commencer par ses bars. Ben oui, forcément, lorsqu’on arrive à Bucarest un dimanche à 20 heures, qu’on finit de s’installer à l’hôtel Razvan et qu’on n’a pas envie de dormir, la meilleure façon de commencer la visite est un bon gros karaoké. Question ambiance, les roumains ne sont pas en reste, et ont donné tout ce que leurs cordes vocales leur permettaient pour reprendre ce qui fût principalement de vieux tubes de Rock. Histoire de faire bonne figure, nous chantâmes jusqu’au petit matin dans un bar qui fût finalement entièrement mis à notre disposition.

Lundi 9 avril
Nous émergeons héroïquement à 9h et tentons tant bien que mal de faire honneur au petit déjeuner de l’hôtel : café et chocolat bien sûr, mais aussi œufs durs, boulettes de viande, yaourts, fruits, charcuterie, et autres petites choses sympa pour stocker les forces nécessaires à la rude journée qui nous attend. Direction le Musée du Village, où sont rassemblées plus de 300 habitations typiques Roumaines, non pas reproduites mais apportées pièce par pièce au sein du musée.

Ensuite, direction l’imprimerie « Coresi ». Ce bâtiment est assez incroyable : d’aspect assez délabré, très grand et occupé par peu de personnes, le lieu fait forte impression sur nous. Nous rencontrons les ouvrières de l’imprimerie sur leur lieu de travail, tapissé de chatons, de figures mythiques comme Marilyn Monroe ou Elvis, voire encore de magazines érotiques. On nous explique à quoi servent les principales machines, et nous assistons à l’impression d’un journal. Nous déjeunons à midi au Hard-Rock Café, et les premiers désirs de sieste apparaissent. Nous commandons donc des cafés, et découvrons ce qui semble être l’unique point faible de Bucarest : nous n’avons bien sur pas fait le tour des bars de la ville, mais globalement, on peut affirmer sans trop se tromper que le café est un peu faiblard. Tant pis, on a encore des jambes, et nous nous dirigeons vers l’agence de communication Propaganda, menée par un groupe de jeunes passionnés qui nous expliquent les ficelles de leur métier, vidéos à l’appui. Super cadre, qui jure un peu avec un quartier plutôt fatigué. Nous avons l’occasion d’apercevoir Bucarest de jour. Des bâtiments entièrement rénovés côtoient de vieilles baraques abandonnées, le tout dans un joyeux foutoir de fils enchevêtrés autour des poteaux électriques.

Mardi 10 avril
Nous nous rendons au célèbre palais du Parlement de Roumanie. Edifié sous Nicolae Ceausescu, c’est le deuxième plus grand bâtiment du monde après la Maison Blanche, avec 350 000 mètres carré de surface habitable. Les pièces sont gigantesques et ornées de mille richesses, toutes provenant du territoire Roumain. Outre le cristal, les rideaux imprégnés de fils d’argent et les tapis phénoménaux, je suis abasourdi par le marbre rose, si rare et précieux et pourtant utilisé dans de nombreuses salles. En deux petites heures, nous ne parvenons à visiter que 4% du palais.

Après un déjeuner dans la cantine du Parlement, nous nous donnons rendez-vous à la station de métro Izvor et visitons la Faculté de journalisme et des sciences de la communication. Nous visitons les locaux puis assistons à une présentation de la Faculté. Le soir, nous nous retrouvons tous au restaurant Hanul lui Manuc, un restaurant historique de Bucarest. Nous avons l’occasion de goûter quelques spécialités roumaines dans un cadre fantastique : le restaurant ressemble à l’enceinte d’un village fortifié. Nous sortons ensuite chanter dans un Bar-Karaoké de Bucarest et rentrons dormir du sommeil des justes.

Mercredi 11 avril
Nous partons à 8 heures 30 en car pour la ville de Neamt. Nous nous arrêtons en chemin pour visiter un château incroyable, résidence d’été du roi Michel Ier (dont le nom me fait encore glousser de temps à autres) : le château de Pelés. Le château rassemble des ornements de cultures très différentes : des armes venues d’Inde, de Chine, du Japon, de Turquie… Des salles ornées d’objets de culte variés, souvent des présents faits au Roi. Toutes les salles sont sculptées de fond en comble, et l’espace est véritablement saturé de symboles et de références. Impressionnant à visiter, mais probablement difficile à habiter ! Nous sommes dans les Carpates, et mêmes « La Perle des Carpates », Sinaïa. Pour rejoindre le château, nous empruntons une route pavée bordée d’un ruisseau et d’arbres gigantesques. Le lieu est somptueux.

Nous reprenons le car et nous arrêtons à Brasov où nous déjeunons sur le pouce : il y a encore beaucoup de route jusqu’à Neamt, nous sommes déjà en retard et le chauffeur s’impatiente.
Nous roulons de 15 heures 30 à 23 heures, durant lesquelles la moitié du bus dort, tandis que l’autre survit en contemplant les paysages alentours : des territoires agricoles vallonnés signalés par des brûlis ici et là, sur lesquels les agriculteurs roumains font pousser des pommes de terre. Nous voyons également beaucoup de charrettes tirées par des chevaux parés de pompons et autres accessoires : nous sommes dans la période de Pâques. Nous arrivons à Neamt quelque peu hagards, et sautons dans nos lits au centre socio-culturel de Neamt.

Le matin du jeudi 12 avril
Quelque chose se passe au sein du groupe. Nous visitons le fabuleux monastère de Neamt (qui a quand même « cramé » 12 fois, au bout d’un moment il faut cesser de mettre des bougies partout), qui recèle de véritables trésors : une crypte, une chapelle peinte du sol au plafond, de mystérieuses reliques aux histoires plus folles les unes que les autres, le sommet d’un bâtiment est même orné d’un œil encadré d’une pyramide. Nous découvrons les ouvrages édités au sein du monastère dans les siècles passés, ainsi que les presses et autres vieilles machines utilisées dans ce but.

Notre guide est… magnétique. C’est un homme de soixante, soixante-dix ans, très facétieux, beaucoup de « pep’s », arborant une magnifique barbe blanche et une chevelure très certainement empruntée à Kurt Cobain, qu’étouffe un couvre-chef constamment redressé par son propriétaire. Cet homme dégage quelque chose d’incroyablement fort : il plaisante, raconte des histoires, touche même le crâne de certains chanceux, et s’entoure au fur et à mesure de la visite d’un groupe d’admirateurs secrets (on a d’ailleurs fondé une société secrète autour de ce moine, mais sans lui ça vaut pas vraiment le coup).
Nous repartons à regret en car vers midi, mais nous sommes impatients de découvrir Iași, deuxième plus grande ville de Roumanie.
A 13 heures, nous arrivons donc à Iași et nous enregistrons à l’auberge Moldotour. Après avoir profité de nos somptueuses chambres (et, plus tard, pour ceux d’entre nous qui en avions la chance, de leurs baignoires), nous déjeunons à l’auberge et partons visiter la plus grande maison d’édition Roumaine, « Polirom ». Nous commençons ainsi par le dépôt, et je crois que tout le monde s’est posé la question : comment diable font-ils pour retrouver leurs ouvrages dans un pareil labyrinthe ? Le dépôt est assez magique, et ressemble un peu à la rédaction du magazine Spirou dans une planche de Gaston Lagaffe. Nous montons ensuite de trois étages et assistons à la présentation de la maison d’édition en présence du célèbre auteur roumain Dan Lungu. Nous passons le reste de l’après-midi dans Iasi par petits groupes, où nous visitons différentes parties de la ville. Je suis étonné de voir la quantité de chiens errants. Nous en avions croisé un certain nombre à Bucarest, mais Iași me fait une plus forte impression encore lorsque, tard dans la nuit après avoir fêté notre arrivée, je dois emprunter un Taxi pour 100 mètres afin d’esquiver une meute de chiens en plein règlement de comptes.

Joe, un pote de Bucarest

Joe, un pote de Bucarest

Néanmoins la ville est impressionnante : nous passons l’après-midi à observer les gens sur une place en centre ville. Il fait incroyablement beau et nous profitons de cet instant de répit pour nous reposer et profiter de la Roumanie.

Vendredi 13 avril

Nous assistons à 10 heures à la table ronde « Les intellectuels de l’Est et l’Autre Francophonie », modérée par Luciana Radut-Gaghi, et à laquelle participe notre directrice de Master Joanna Nowicki. L’après-midi, nous profitons encore d’un magnifique soleil pour visiter la ville. Nous arrivons donc reposés au restaurant Casa Bolta à 19 heures, où nous attend notre dernier repas du périple. Après une entrée et deux plats de résistance, très bons mais très, très copieux, nous remercions ensemble Luciana Radut-Gaghi pour ce superbe voyage et nous dirigeons dans nos chambres pour les uns et vers le centre pour les autres. Nous partons le lendemain à 3 heures du matin en taxi pour l’aéroport de Iași, d’où nous prenons un avions à 6 heures du matin pour Bucarest. Nous attendons encore deux heures à Bucarest pour attraper notre dernier avion. Burger King à 8 heures du matin : une expérience intéressante.

Nous atterrissons à 11 heures 30 à l’aéroport Paris Charles de Gaulle. Nous sommes tous un peu déphasés, un peu assommés, mais gardons de bons souvenirs et de beaux paysages en tête. Du moins, c’est à peu près ce dont je me souviens après avoir dormi 18 heures d’affilée.