Sophie Chauveau est romancière, auteur d’essais et d’une monographie sur l’art comme langage de l’amour. Elle s’est documentée pendant quatre ans pour écrire La passion Lippi, premier volet d’une trilogie romanesque qu’elle a poursuivie avec Le rêve Botticelli et L’obsession Vinci. Sa curiosité, ses recherches, son intuition et sa rigueur ont participé au succès de ces trois biographies romancées. Cette trilogie sur « Le siècle de Florence » est une réussite incontestable.

Avec ces ouvrages, Sophie Chauveau rend hommage à trois grandes figures emblématiques de la Renaissance, trois hommes qui ont inventé la liberté pour les artistes.
L’histoire commence sous le règne de Cosme de Médicis avec Fra Filippo Lippi, moine libertin surdoué du dessin, amoureux des madones et aussi maître de Botticelli. Elle continue sous le règne de Laurent le Magnifique avec Sandro Filipepi dit Botticelli, grand sensible mélancolique. « Le siècle de Florence » s’achève à la cour Ludovic le More à Milan puis à celle de François Ier ; nous y découvrons Léonard de Vinci, personnage fantasque, ingénieux et créatif mais incapable d’achever ses œuvres, ami des rois, mais aux relations souvent compliquées avec son entourage notamment avec Michel-Ange.

Nous sommes plongés dans la vie quotidienne et l’intimité des artistes de la Renaissance italienne : leur désir de création, leurs recherches techniques et picturales et leurs audaces pour obtenir des augmentations de tarifs jusqu’alors dérisoires. Sophie Chauveau nous dévoile leur vie de peintre mais aussi leur vie d’homme, leurs amours, leurs amitiés, leur famille, leurs liens de maître ou d’apprenti, leurs relations avec les mécènes. Car l’auteur ne nous fait pas seulement vivre au côté de ces trois grands artistes, nous rencontrons Guido qu’on appelle Fra Angelico tellement il aime les anges, Masaccio, ce camarade brillant mais un peu inquiétant, Filippino le fils de Lippi, le sculpteur Donatello, Uccello, Raphaël et tant d’autres.

Quel climat d’émulation à Florence au XVe siècle ! Mais c’est aussi des conflits de pouvoir entre grandes familles, notamment avec le complot des Pazzi, la guerre de religion contre la débauche avec Savonarole. Nous sommes pris dans ce tourbillon exaltant de renouveau qu’est la Renaissance où chacun, et encore plus les artistes, se débat entre beauté et terreur, entre sacré et profane, entre vie et mort.

La lecture de ces trois fresques historiques est captivante. La proximité avec les personnages de ces trois romans et le plaisir pris avec eux nourrit notre imagination. Nous pourrions en rester là mais Sophie Chauveau nous donne envie d’aller plus loin. Pourquoi pas à Florence, à Prato ou au Clos Lucé, sur les traces laissées par ces hommes et femmes qui ont ouvert de nouvelles voies à l’art ?

Lucie Polard

La passion Lippi (2004)
Le rêve Botticelli
(2005)
L’obsession Vinci (2007)
Parus aux éditions Télémaque et chez Gallimard dans la collection Folio (2006, 2007, 2009)

Dernières publications de Sophie Chauveau :
Diderot, le génie débraillé – Les années bohème
(2009)
Diderot, le génie débraillé – Les encyclopédistes (2010)
Parus aux éditions Télémaque