Tous à LensMarianne, joueuse de foot et analphabète si on en croit les clichés qui pèsent sur le Nord-Pas-de-Calais. La Liberté guidant le peuple est désormais domiciliée à Lens.

 Près de trois mois après l’ouvreture de l’antenne du Louvre en terrain minier, état des ieux et perspectives pour une décentralisation intelligente de la culture

Ces derniers jours, l’encre a coulé au sujet du Louvre-Lens : horreur, la Liberté Guidant le Peuple, chef d’œuvre incontesté de l’histoire de l’art Français a été vandalisé.

On peut dire que grâce à cet acte, Marianne et ses acolytes a pu être chouchoutées, en convalescence dans les réserves du musée, entre les bonnes mains des médecins de la peinture. Car il faut le dire, les insurgés de la Liberté signés Delacroix en ont vu du monde ces deux derniers mois.

Petit bilan sur la fréquentation de ce nouveau musée.

Inauguré le 4 décembre dernier, le Louvre-Lens a réuni lors de son premier week end (32h d’accueil non-stop) 36 000 visiteurs, l’équivalent de 692 bus, et de 1059 Master IEC. Ce qui fait pas mal de rencontres pour cette chère Marianne.

« A Lens, on ne connaît que le football, maintenant il y a la culture » note Matthieu Lebas, serveur Chez Cathy, le café-friterie situé en face du musée. On peut le dire, en deux mois, l’institution  a rassemblé 200 000 visiteurs, soit 2,50 stades de France ou mieux, presque 5 stade Bollaert! Ce qui fait pas mal d’équipes de foot aussi.

Un démarrage plus qu’encourageant au regard de l’objectif fixé à 700 000 visiteurs la première année.  Aujourd’hui, les étrangers représentent 13% des visiteurs du musée. Parmi les 55 nationalités répertoriées, les Belges arrivent en tête (10% des visiteurs), suivis des Néerlandais, Anglais et Allemands. Les habitants du Nord-Pas de Calais comptent pour 55% de la fréquentation du musée.

Patrimoine mondial de l’UNESCO depuis juin 2012 et avec l’arrivée de l’institution parisienne dans la région, les espoirs de dynamisation du bassin minier renaissent. Depuis la fermeture des fosses dans les années 1980, les perspectives d’avenir pour toute une population sinistrée étaient peu reluisantes. Marqué socialement, écologiquement et paysagèrement  par l’exploitation intensive de la houille, le bassin minier souffre toujours de chômage et d’analphabétisation.

Selon l’INSEE, d’ailleurs : « Parmi les 2,4 millions d’adultes de 18 à 65 ans de la région, 10% connaissaient en 2004 de graves difficultés dans les fondamentaux de l’écrit, soit trois points de plus qu’en France ». 2,4 millions d’adultes, cela correspond à plus de 58 stades Bollaert ou l’équivalent en fréquentation à 113 week end d’inauguration du Louvre-Lens.

Quel impact de la culture sur les populations les plus sinistrées quand on prend conscience de ces chiffres ? Le rapport de Terra Consultant « l’impact des dépenses culturelles des villes », datant de novembre 2011 rappelle que la culture, en plus d’avoir une valeur éducative peut avoir un impact important sur l’économie à travers non seulement la consommation de biens et services culturels, mais aussi la création d’emploi et la redynamisation de l’espace urbain. Ceci encourageant donc l’investissement et la stimulation de l’activité économique, dans 47 villes dans le monde, « une ville qui investit 0,7 % de son PIB par habitant dans la culture peut espérer gagner en retour 9 % de ce même PIB par habitant ».

Espérons donc que les dépenses faites pour le Louvre-Lens génèrent suffisamment de richesse pour permettre aux lensois et à la région Nord-Pas-de-Calais de d’accéder à la lecture, premier pas, finalement, vers la culture.

Il est bon d’observer la Liberté guidant le peuple, mais si on ne peut lire le titre de l’œuvre et le nom de son auteur, Marianne n’a plus qu’à aller se rhabiller.