Le livre : jetable ou durable ?

Le livre : jetable ou durable ?

Tant qu’il y aura des livres Laurence Santantonios   Encore un livre sur le livre, dira-t-on. Et pour nous rappeler combien il est en crise, combien nous produisons trop et mal. Sa couverture peu originale et ses gros caractères façon « grand public », laissent présager un contenu répétitif et peu novateur. Oui, mais. Laurence Santantonios aborde le livre sous un angle différent : celui de sa durée. Et la perspective est particulièrement intéressante quand on sait que près de 70000 titres sont publiés chaque année : comment chaque ouvrage peut-il trouver son public et exister dans la durée ? L’indifférence fait place à la curiosité dès la lecture de l’introduction. Certes, on ne peut contourner les problématiques liées à la concentration et à l’indépendance éditoriale. On ne peut passer sous silence la surproduction et la rotation de plus en plus rapide en librairie qui entraînent des clivages parmi les gens du métier. On peut tout aussi bien s’alarmer sur les mutations numériques qui mettront le papier et les libraires à terre. Mais chez Laurence Santantonios, ces enjeux sont remis dans la perspective de la durée du livre. Qu’est-ce qui distingue le livre pérenne, qui rencontre des générations de lecteurs, du livre jetable et vite pilonné ? Quels sont les circuits qui permettent au livre d’échapper à l’éphémère, quand la surproduction efface les singularités de chacun ? Sous une couverture ringarde se cache un texte qui apporte, à sa manière, une vision pertinente du livre et de son économie. Si tout n’est pas nouveau, Laurence Santantonios convainc par son écriture décontractée et impertinente, mais précise grâce à l’appui de...
Atalante, entre agence de communication et maison d’édition

Atalante, entre agence de communication et maison d’édition

Agence parisienne de création visuelle peu connue du grand public, Atalante intervient dans les domaines de la communication, de l’édition, de la signalétique, de la presse, de la scénographie et du multimédia. Couplant les deux secteurs pour lesquels les étudiants du Master IEC sont formés, l’agence Atalante est l’exemple par excellence d’une pluralité complexe et complète de métiers, de compétences, de savoirs et de passion. L’agence, couplée aux Éditions Xavier Barral (lui-même directeur des deux structures), porte ses missions sur le domaine culturel, avant tout parisien mais aussi au niveau national. Leur but est de servir un objectif de communication, traduire un contenu, exprimer une identité, le tout au travers de leur travail de conseil et de création, qui s’attache autant au sens qu’à l’image. Comme on le voit dans certaines de leurs créations, l’identité visuelle est la signature d’un produit, de ses qualités, activités et ambitions, qui la suit dans toute forme de communication, et se doit d’être facilement et immédiatement compréhensible, reconnaissable et mémorisable. L’exemple parfait est celui de la création du logo de la Cité de la Musique : marquant, inoubliable, il forge aujourd’hui l’image de toute une génération. Il en est de même en édition, où la clarté et la cohérence sont souvent des facteurs considérés comme liés au texte seul, et où le livre porte les valeurs de la maison, de la collection à laquelle il appartient, de son auteur… Les livres des Éditions Xavier Barral sont, eux, très ambitieux sur tous points : tant dans le contenu que graphiquement parlant. Peu connus du grand public, ces livres sont tout de même très reconnus du « métier »,...
Gallimard un modèle d’édition à la française

Gallimard un modèle d’édition à la française

Depuis le 22 mars dernier, jusqu’au 3 juillet 2011, la BNF met Gallimard à l’honneur, à l’occasion du centenaire de la prestigieuse maison d’édition. À l’heure chaotique des bouleversements vécus par la chaine du livre, il est bon de constater que, quoi qu’il advienne, certains savent encore faire des livres, et des bons. Cette rétrospective ne manque pas d’éclairer la célèbre remarque de Paul Claudel à André Gide : «  Toute la question est de savoir si une entreprise commerciale peut vivre en n’éditant que des ouvrages excellents de forme et de fond… ». La réponse est assurément positive ! D’une manière très didactique, cette exposition revient tout d’abord sur l’histoire littéraire et intellectuelle de la maison. Deux ans après la création de la Nouvelle revue Française (NRF), la maison d’édition Gallimard est fondée le 31 mai 1911 par Gaston Gallimard, André Gide et Jean Schlumberger, qui, chacun, investissent trois mille francs dans cette entreprise. Depuis cette genèse jusqu’à l’ère des actuels projets éditoriaux numériques, les dessous de cette maison, restée jusque là bien secrète, sont présentés au public. Outre les différentes étapes évolutives de la maison, on nous donne à voir et à comprendre ici des périodes complexes, comme celle de la deuxième guerre mondiale, pendant laquelle l’activité et la création littéraire furent mises en danger. Évidemment,  il est aussi question ici de création. La première salle de l’exposition se concentre ainsi sur les manuscrits et les portraits des auteurs estampillés Gallimard, comme André Gide, Paul Claudel ou Marcel Proust, jusqu’aux contemporains tels que Daniel Pennac (on découvre même un manuscrit inédit de son prochain roman) ou Jonathan Littell en passant par...