Mai 30, 2012 | Edition, Littérature, Stage |
À la suite d’un stage de lecteur dans une grande maison d’édition parisienne, Bruno Migdal dresse un tableau pour le moins savoureux de ce petit monde, qui parlera à chacun de nous ! Petite pépite du paysage éditorial parue aux Éditions de la Différence le 12 janvier dernier, Petits Bonheurs de l’édition est le journal de stage de Bruno Migdal, quadragénaire et employé d’un établissement scientifique où l’édition est un mystère, qui décide soudain, par passion pour la littérature, de tenter une petite incursion dans le milieu fermé des éditeurs parisiens, juste « pour le découvrir ». Bien loin d’un rapport de stage académique, il s’agit bien là d’un journal, que l’auteur a écrit au jour le jour, du 12 janvier 2004 au 31 mars 2004, et qui décrit avec une constante ironie, le quotidien des Éditions Grasset. Si le nom de la maison n’est jamais directement cité, l’ancien stagiaire nous en donne la célèbre rue, les grands auteurs historiques et les initiales de ceux d’aujourd’hui. Des règles du jeu complexes… Pour le stagiaire, l’issue du stage est souvent connue dès le premier entretien. Ce fut du moins le cas pour notre lecteur de manuscrits. Le deal était le suivant et il fut respecté : aucun contrat à la clé, et une rémunération d’un euro de l’heure. La hiérarchie est reine, et les comportements sont visiblement régis par des règles, qui ne sont pas expliquées à ceux qui, de toute les façons, ne resteront pas : « la stratégie, la politique, la diplomatie sont choses dont le petit personnel est tenu à l’écart, le privilège d’un cercle d’initiés »....
Mar 27, 2011 | Non classé |
En 2006, la bibliothèque nationale de France organisait une exposition sur les brouillons d’écrivains. Aujourd’hui en 2011, celle-ci est toujours visible grâce à la rubrique « expositions virtuelles » du site internet. Prenons le temps de revenir sur un sujet qui n’a rien perdu de son actualité. Interrogé par Jean-Claude Carrière pour savoir ce qu’il écrivait encore à la main, Umberto Ecco, répond : « Mes notes pour ma secrétaire. Mais pas seulement. Je débute toujours un nouveau livre par des notes écrites. Je fais des croquis, des diagrammes qui ne sont pas faciles à réaliser avec l’ordinateur ». Ainsi, avec les nouvelles technologies, le brouillon d’écrivain ne disparaîtrait pas, il changerait simplement de visage. Mais qu’appelle-t-on brouillon ? Est-il synonyme de manuscrit ? Différentes versions d’un même texte enregistré sur un ordinateur sont-elles considérées comme des brouillons ? Si nous regardons l’origine du mot, nous tombons sur le mot germanique « brod » qui a donné le nom « brouet » ; le « bouillon » a donc quelque chose à voir avec le « brouillon ». Oui, nous pouvons dire que le brouillon est le témoin d’un bouillonnement de la pensée, mais n’allons pas plus loin du côté de l’étymologie de crainte de nous embrouiller à notre tour ! Il est plus intéressant de constater que le mot est apparu comme tel au XVIe siècle, au moment de l’invention de l’imprimerie par Gutenberg. De fait, le brouillon s’est trouvé rangé du côté du manuscrit : il est ce qui n’est pas encore imprimé, ce qui peut encore changer. Désormais, pourquoi garder un brouillon, si l’œuvre est imprimée ? Et bien, c’est au XVIIIe siècle, où la conscience d’auteur émerge, que des auteurs comme Rousseau ont le souci...