Les étudiants IEC ont la possibilité de passer des semestres d’études à l’étranger. A quoi ressemblent les études en Italie?
Récit d’un semestre en Erasmus à Ravenne
Par Anaëlle Féret
Au premier semestre de mon M2 IEC, je suis partie grâce au programme Erasmus pour étudier les Sciences du livre et du document en Italie. Je me suis inscrite à l’université de Bologne (Émilie-Romagne) et je me suis installée à Ravenne, où avaient lieu la majorité de mes cours.
Avec mon amie Maya et notre gelato
J’ai choisi l’Italie parce que, depuis toujours, je suis attirée par ce pays et par sa langue. J’y suis allée plusieurs fois, toujours avec le même bonheur, et j’ai commencé à étudier l’italien dès le collège. Pendant ma prépa littéraire et ma licence de lettres modernes et de russe, j’ai dû arrêter l’italien, tout en rêvant de partir faire un échange à l’étranger. J’ai finalement pu concrétiser ce rêve en 2017, au début de ma deuxième année au sein du Master IEC.
En septembre, après plus de 10 heures de transport (bus de nuit et train), j’arrive à Ravenne. Je m’installe quelques jours chez un couchsurfer (quelqu’un qui accepte de m’héberger gratuitement pour partager des moments ensemble), puis je trouve une chambre dans une maison italienne luxueuse, avant de déménager dans une colocation avec une Française, un Colombien et un Américain. Si ce n’est pas la mixité rêvée, je profite de mon amie française pour rencontrer plus d’Italiens que je n’aurais pu le faire seule.
Les lieux où j’ai étudié : la biblioteca Classense à Ravenne,
et une « salle de cours » à Bologne… plus proche d’un cinéma !
Je commence les cours après une semaine d’intégration pour les étudiants internationaux, où j’ai rencontré des étudiants de tous les continents. Je suis inscrite dans la Laurea Magistrale (équivalent master) de Sciences du livre et du document : j’ai un cours de bibliologie (étude des livres anciens), d’histoire des institutions du Moyen-Âge et d’élaboration d’images et restauration virtuelle. J’y ajoute deux cours qui ne sont pas dans la Laurea de mon choix : édition multimédia et numérique ainsi que histoire et évolution de la lecture et des modèles éditoriaux. Ces deux cours sont à Bologne, à une heure et demie de train de Ravenne, j’y vais donc deux fois par semaine et j’en profite pour admirer cette belle ville rouge aux mille arcades. Ainsi, les cours que j’ai choisis sont variés, et tous en italien : le meilleur moyen pour m’immerger dans le pays.
Bologne vue d’en haut d’une tour. Les docks de Ravenne (début du canal vers la mer).
Le système d’études italien est un peu différent du nôtre : les examens sont le plus souvent des oraux, à préparer en étudiant une bibliographie conséquente. Comme j’ai beaucoup lu en italien, j’ai amélioré mon niveau de langue. J’ai aussi appris énormément de choses grâce à des cours différents de mon cursus, ce qui m’a permis de bien compléter ma formation.
Bien sûr, mon séjour ne s’est pas résumé à mes études. J’ai rencontré des étudiants de tous les continents : une Japonaise venue étudier le chant lyrique, des Chinois venus pour les cours de restauration (car Ravenne, capitale de la mosaïque, est une ville orientée vers l’archéologie et la conservation), des Européens, des Américains, des Russes, qui étudiaient les Coopérations internationales (cours en anglais), les Sciences ou encore les « Biens culturels ». Tous étaient poussés par la même volonté de voyager et de partager.
Brisighella, village médiéval.
Mais j’ai aussi et surtout connu beaucoup d’Italiens avec qui j’ai créé des liens forts : je me suis initiée au jeu de rôle avec mon groupe d’amis proches, je suis allée au cinéma et au badminton (l’un des meilleurs moments de la semaine), j’ai fait le tour de la région (coup de cœur pour Brisighella, petite cité médiévale), et j’ai mangé des quantités de glaces, de pizzas et de piadine (sorte de galette fourrée, spécialité romagnole)… Bref, un quotidien presque normal, mais à l’italienne !
Bien que courte, mon expérience en Italie a été extrêmement profitable. J’ai découvert une région que je ne connaissais pas, poussant jusqu’à la mer de Rimini et aux montagnes de Saint Marin, je me suis imprégnée de coutumes nouvelles pour moi (les chats dans les bibliothèques, les grandes fêtes comme celle de Giovinbacco, où tout le monde sort boire du vin sur la place principale). Je me suis fait des relations durables, personnelles comme professionnelles (l’un de mes profs était un collègue très proche d’Umberto Eco et passionné d’édition). J’ai hâte de retourner à Ravenne, car en plus d’être une très jolie ville ancienne, dynamique mais calme comme j’aime, j’y ai des souvenirs impérissables et heureux. Et je me vois mieux, à l’avenir, pouvoir lier mon amour et ma connaissance de l’Italie à mon projet professionnel dans l’édition et les livres.