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En cette 24e édition du Festival des Étonnants Voyageurs, le monde s’invite à Brazzaville du 13 au 17 février 2013 pour célébrer une Afrique en marche, une « Afrique qui vient ». Brisés tous les stéréotypes à l’œil condescendant et souvent emprunts de pitié, place à une Afrique ivre de vie !

 

Cette année, le Festival des Étonnants voyageurs pose ses valises emplies de plumes et de livres sur le sol africain, quelques mois avant son éternelle édition prévue à Saint-Malo au mois de mai. Une délocalisation du festival mise en place depuis 2006, qui chaque année ou presque, donne la parole à un pays francophone différent (comme le Mali et Haïti).

 

Le Festival des Étonnants voyageurs ou le dialogue avant toute chose

 

L’idée même d’un dialogue des cultures est à la source de ce festival, présidé par Alain Mabanckou, écrivain francophone d’origine congolaise, et Michel Le Bris, écrivain français. Si l’Afrique est à l’honneur, des écrivains francophones du monde entier se donnent rendez-vous dans cette ville cosmopolite.

Les débats et rencontres au programme permettront aux artistes locaux d’échanger et de confronter leur point de vue avec des artistes francophones dont la renommée est internationale. On retrouvera notamment Henri Lopes, Boualem Sansal et Erik Orsena.

Dialogue des nations, ce festival se conçoit également comme un dialogue des arts : si l’écriture est à l’honneur, le cinéma, la photographie et la peinture sont aussi mis en avant.

C’est une manifestation de grande ampleur qui cette année se porte à la taille d’un continent, dans sa représentation des artistes locaux. Elle amplifie l’échange et le situe pour la première fois sur un autre plan, ce qu’Alain Mabanckou tient à le souligner : « Beaucoup de manifestations ont été organisées sur l’Afrique, mais trop souvent hors d’Afrique, privant, hélas, toute une jeunesse en éveil de la possibilité de l’échange, et donc de l’opportunité de dire un mot sur le monde, en face du monde et avec le monde » (site des Étonnants Voyageurs, édito « L’Afrique qui vient »).

 

Le ton est donné, l’Afrique reprend aujourd’hui la parole.

 

Brazzaville, l’incarnation d’une Afrique nouvelle

 

Le continent africain bascule. La guerre, les crises, les ravages de l’islamisme, sabordent la paix et les villes enflent, attirant de leurs tentacules hypnotisantes et colorées des âmes toujours plus nombreuses. D’un côté la misère et de l’autre une fièvre créatrice sans précédent. L’Afrique est hybride. Les mégapoles poussent, bruyantes et colorées, toujours assourdissantes sans pour autant étouffer la créativité, qui s’en nourrit même.

Le Mali aurait dû accueillir cette édition du Festival, mais le manque de soutien du gouvernement malien et la guerre qui a éclaté ne l’ont pas permis. Le festival, c’est aussi un cri de révolte et d’espoir, face à cette violence qui offre un terreau insoupçonné à l’art africain. L’Afrique qui vient est nouvelle et c’est Brazzaville qui en porte les couleurs.

 

« Quand les écrivains redécouvrent le monde »

 

Les débats et les concerts seront retransmis sur France Inter et une anthologie reprenant les meilleurs textes des auteurs africains verra le jour, donnant ce continent à voir au monde. En lui donnant la parole, ce festival l’inscrit dans cette volonté de construire une « littérature-monde », si chère à Mabanckou.

Un manifeste également signé par Michel Le Bris et beaucoup d’autres, affirmant le retour du monde en littérature et revendiquant une autre idée de la francophonie, pour laquelle la France ne serait plus l’unique détentrice de la langue française et de son bon usage, dispensant ses lumières aux autres nations.

Cette idée prend tout son sens sur ce sol africain, berceau de la colonisation française. De ce basculement, un nouveau monde naît, dans lequel la France n’est plus au centre. L’Afrique qui vient reprend sa place et invite à un « décentrement » du regard. Quoi de mieux pour y parvenir qu’un décentrement géographique ?

Mais l’Afrique et son rapport au monde n’est pas le seul centre de l’attention. Ce festival international s’inscrit lui-même dans un échange mondial en participant à la Word Alliance. Cette association a lancé en 2012 une « année de la fiction », un dialogue à l’échelle planétaire sur les enjeux contemporains de la littérature, à travers 15 festivals dont celui de Brazzaville fait partie.

Adélaïde P.

 

Pour plus de renseignements sur le programme de ces journées, consultez le site des Étonnants voyageurs.

http://www.etonnants-voyageurs.com/spip.php?rubrique507