Les étapes de la fabrication d’une bande dessinée, depuis le contrat d’auteur jusqu’à la mise en librairie, en passant par le lettrage.

Du contrat…

Comme pour la littérature générale, l’auteur de bande dessinée – scénariste et/ou dessinateur – signe un contrat d’auteur avec la maison d’édition par lequel il cède ses droits d’exploitation. Comme pour les auteurs de littérature, l’auteur répond rarement à une commande mais reste en revanche très à l’écoute des propositions de l’éditeur. Rares – très rares – sont les projets d’auteurs inconnus envoyés comme manuscrits qui finissent par être publiés tels quels ; car souvent l’auteur ne s’adresse pas à la maison qui lui correspondrait. En réalité, ce qui intéresse souvent d’abord l’éditeur, c’est le dessin, qui doit avoir une vraie personnalité, une façon particulière et unique d’exprimer les choses. Le scénario est bien sûr essentiel lui aussi, mais il est plus difficile de repérer un bon scénario plutôt qu’un bon coup de crayon parmi la masse de propositions qu’une maison reçoit tous les jours.

… à la confection du livre

Contrairement au livre illustré – livre d’art, livre pratique et autres beaux livres ou même livre scolaire – il ne s’agit pas ici de cession de droits d’images. Les illustrations ne sont en effet ni achetées à l’auteur, ni « récupérées » de banques d’images ou commandées à un photographe. Ce sont les illustrations et les textes eux-mêmes qui sont considérés comme étant l’œuvre principale.

Des planches originales à traiter avec mille précautions

La chaîne du livre est plus ou moins la même que dans tout le secteur éditorial classique : après la signature de contrat et le choix d’une date plus ou moins précise à laquelle l’auteur s’engage à avoir fini son travail, les éditeurs attendent les premières planches pour commencer à travailler. Pour le cas de la bande dessinée, la maison d’édition reçoit au fur et à mesure les planches originales de l’auteur qui vont être traitées. Ces planches sont très précieuses, elles sont manipulées avec la plus grande précaution lors du scan en interne (pour que les éditeurs puissent lire l’histoire) et du transport vers le photograveur qui va minutieusement numériser les illustrations et renvoyer à la maison les planches avec les fichiers informatiques.

Le lettrage

Après avoir récupéré les fichiers sources, deux cas de figure se posent : soit l’auteur a fait lui-même son lettrage à la main – c’est ce qui donne ce style si particulier aux écrits de Tardi, Sorel ou Trondheim, par exemple –, soit le lettrage est fait par ordinateur : le lettreur applique les textes dans les bulles qu’il dessine lui-même s’il le faut. Ensuite, il faut faire appel à un relecteur/correcteur qui fera un travail sur le texte pendant que les éditeurs vérifieront à la fois que l’histoire et le dessin se tiennent. Si le lettrage est manuel, l’auteur corrige lui-même les erreurs ; sinon c’est le travail du lettreur.

La défense de l’album face aux libraires

Parallèlement à ce travail d’édito, le marketing et le service presse auront frayé un chemin à la bande dessinée en préparation, avec le matériel à disposition. Le maquettiste, avec les essais de couverture soumis aux éditeurs par l’illustrateur, confectionne une couverture qui doit convenir au service marketing, car c’est l’élément principal qu’il présentera aux représentants des librairies lors des offices.

Étape finale : l’imprimerie

Après que les planches atteignent un résultat satisfaisant en orthographe, couleur (qui peut être appliquée par un coloriste), maquette intérieure et couverture, il n’y a « plus qu’à » envoyer les fichiers complets à l’imprimeur avec qui on aura préalablement fixé un office : les imprimeurs sont eux-mêmes souvent spécialisés en bande dessinée et reçoivent les commandes de nombreuses maisons d’édition. Pour être large, les éditeurs comptent environ un mois entre le moment de l’envoi à l’imprimeur et la date de mise en vente. Entre-temps, les distributeurs feront le travail de placement physique en librairies.

L’avantage de faire de la BD

Contrairement à la plupart des auteurs sous contrat, l’avance versée à un auteur de bandes dessinées, dans la plupart des grandes maisons, est suffisante pour que l’artiste puisse se concentrer sur son travail sans avoir à (trop) se soucier de ressources pécuniaires. En effet, le travail de dessin demande toute sa concentration et tout son temps à l’auteur, et les éditeurs ne veulent pas que l’artiste sur lequel ils « misent » ne perde son temps et son énergie à faire un boulot alimentaire.