L'orchestre symphonique de Kinshasa

L’orchestre symphonique de Kinshasa

Connue et réputée pour ses rythmes endiablés et percutants, la musique africaine regorge de nuances aussi différentes que surprenantes. Toujours désireuse de s’ouvrir et de s’élever culturellement, l’Afrique ouvre ses portes à la musique classique. Lumières sur le premier et unique orchestre symphonique d’Afrique.

Un pasteur à l’origine de l’orchestre symphonique
C’est à Kinshasa au Congo que le premier orchestre symphonique d’Afrique, l’OSK pour les intimes, a vu le jour. Malgré le manque de moyens évident, cet orchestre symphonique africain composé d’amateurs amoureux de musique classique a réussi à en impressionner plus d’un par son incroyable niveau. Né de l’idée d’un pasteur de l’Eglise kimbanguiste, « Papa Armand », de son vrai nom Armand Diangienda, qui transforma la fanfare accompagnant les offices en un véritable orchestre. Cette initiative le conduira au rang de figure majeure de l’Eglise kimbanguiste. Nombreux sont ses compatriotes qui le qualifient de « précurseur » de la musique classique en Afrique.

L’union fait la force
Sans la volonté et l’envie de ses fidèles de se joindre à ce projet inédit, seul « Papa Armand » n’aurait pu atteindre son objectif. Après leurs travails respectifs les musiciens, tous amateurs, se rendent en bus, en taxi collectif ou même à pied pendant plus d’une heure jusqu’à la grande maison où officie Papa Armand. On retrouve parmi d’autres, Nicole la couturière, qui est second violon, comme Chantal, qui vend des pains sur le marché. Joséphine, qui est sur le marché dès l’aube pour y vendre des omelettes fait du violoncelle depuis de nombreuses années, tout comme Marc, qui est« lavandier » et a créé son propre petit pressing. Après les efforts physiques et financiers pour se rendre sur place chaque soir, chacun prend place et ensemble ils répètent assidûment. De Ravel à Platini, Alto en passant par Carl Orff et Beethoven, les incontournables de la musique classique sont repris avec fierté par l’OSK.

Des moyens limités qui n’empêchent pas la qualité
Ayant reçus les partitions en anglais et n’en possédant pas d’autres, les Kinois n’ont d’autres choix que de chanter en anglais. Mais qu’à cela ne tienne, il en faudrait plus pour les décourager. Face à toutes les difficultés qu’il rencontre, dire que cet orchestre fait preuve de ténacité est un doux euphémisme ! En effet, ils manquent de tout, les instruments qu’ils ont pu se procurer sont de très mauvaise qualité. N’ayant pas de crin pour les archets des violons, ils le remplacent par du fil de Nylon pour canne à pêche. Tous les moyens sont bons pour réussir à faire exister leur nouvelle passion. Une autre difficulté et non des moindres, est la formation. Bien que Kinshasa soit une grande capitale africaine, il n’y a aucun professeur de tous ces instruments. Alors c’est en véritables autodidactes que ces nouveaux musiciens ont appréhendés leur instrument. Malgré tous ces handicaps, les mélomanes seraient surpris de la qualité de cet orchestre qui pourrait faire rougir certains orchestres occidentaux.

Une première remarquée et remarquable !
A l’occasion de la Fête de l’indépendance du Congo, le 15 août dernier l’Orchestre symphonique a donné sa première représentation publique. Au programme : Dvorak, Beethoven, Verdi, Carl Orff et Haendel, toutes ses interprétations ont été acclamées par la foule. L’effet de surprise était aussi palpable chez les personnalités politiques présentes telles que l’ambassadeur de France au ministre Nzanga Mobutu, tous habitués de ces manifestations culturelles. Mission accomplie pour L’Orchestre, le temps d’une soirée Kinshasa a vibré au rythme de la musique classique. Mais l’OSK ne compte pas s’arrêter là, et formule des ambitions encore plus grandes. Son prochain objectif : étendre la musique classique à tout le continent !

Ecoutez un extrait de l’orchestre symphonique de Kinshasa: